Nouvelles de la Frontera 

Juillet 2001

6/07. Occupation des locaux de la Corporation du bois (CORMA) à Temuko par 9 membres de la communauté Domingo Trangol dans le but de protester contre la détention arbitraire dont sont victimes 6 intégrants de la même communauté… Durant cette mobilisation, la grève de la faim des prisonniers a été annoncée, et un appel à l'opinion régional, national et international a été lancé afin de demander à l'entreprise forestière Mininco d'abandonner ses poursuites judiciaires envers les membres de la communauté et d'exiger que l'Etat chilien assure son impartialité pour mener les procès des prisonniers politiques Mapuche. L'une des accusations faites par ces derniers est de ne pas avoir eu le droit à un interprète bilingue lors de leur mise en procès, les empêchant de se défendre convenablement.


Juin 2001

28/06. Manifestation contre la répression au sein des communautés et pour la libération des prisonniers politiques Mapuche.
C'est en arborant 'une banderole annonçant "Berta cela ne fait que de commencer", qu'un groupe de 20 personnes a occupé l'autoroute reliant Temuko à Imperial. Empêchant la circulation de tout véhicule sur cet axe durant plus de 4 heures… Cette manifestation est une réaction aux diverses actions répressives et emprisonnements qui ont lieu ces dernières semaines au sein de diverses communautés de la région. Berta Belmar intendante de la IX° région, de façon ouvertement raciste a, à plusieurs reprises, prôné la répression envers les communautés qui occupent des terrains privés.

28/06. 32,7% de la population de l'Araucanie (IX° région) vit sous le seuil pauvreté, soit 276.247 personnes, tel est le résultat inquiétant de l'enquête annuelle réalisée par le ministère des statistiques, présentant cette région comme la plus pauvre du Chili.

26/06. Importante opération policière au sein de la communauté Ailla Varela (Collipulli) qui a eu lieu à 3 heures du matin, se concluant par la détention de Gastón Ailla et Nelson Llanca, accusés de tentative d'homicide et coups et blessures envers un policier civil dans le cadre du conflit territorial opposant communautés à grands propriétaires de la zone.

20-24/06. Célébrations à travers tout le Chili et l'Argentine du We Tripantu, nouvel an Mapuche.

15/06. Arrestation de Isaias Colihuinca. Détenu et condamné à Victoria (IX° région).

14/06.
Juan Trongol Llancamal y Juan Nancucheo Trongol, membres de la communauté Domingo Trangol (Victoria), ont été jugés ce matin par le Tribunal de Fiscalia de Victoria et condamnés à la prison préventive pour dommages matériels et association illicite. Les accusation se portent sur divers actions de revendications territoriale ayant eu lieu entre février et mars 2001. Isaías Colihuinca, dirigeant de la communauté Domingo Trangol, a également été condamné mais refuse de se rendre aux autorités chiliennes.

08/06. Nouvelle violente répression policière contre les communautés revendiquant leur terre dans la zone de Victoria.
Un membre de la communauté Domingo Trangol a été blessé au visage par des tirs de balles en caoutchouc.Encore une fois, les carabiniers ont utilisé leurs armes de services contre les membres de communautés Mapuche qui, armés de pierres, occupaient la propriété El Ulmo.


Un Mapuche de la communauté Domingo Trangol a été blessé au visage par des tirs de balles en caoutchouc (et non comme l'indique la presse régionale et nationale en tombant dans une fosse). D'autre part, 5 Mapuche qui coupaient du bois sur la propriété en conflit ont été arrêtés et restent en garde à vue sans aucune possibilité de se communiquer avec leurs familles.

 


Mai 2001

31/05. ¡PAR BALLES!
Images filmées par la télévision nationale montrant les carabiniers usant leurs armes de service contre les Mapuche occupant pacifiquement la Route 5. Au niveau du kilomètre 616 de la route 5 sud, à 60 kilomètres de Temuco, près de Victoria, les communautés Mapuches Domingo Trangol et Canio Antinao, ont été réprimées et dispersées par balles par la police alors qu'ils réalisaient une manifestation pacifique sur l'autoroute.
Les communautés Mapuche mentionnées précédemment se sont mobilisées en début de journée en occupant la route pour manifester et dénoncer la mauvaise attitude du gouvernement face à leur demande de terres, sans qu'il existe jusqu'à maintenant une bonne réception de leurs demandes, principalement en ce qui concerne las revendications des propriétés El Ulmo et Colonos.
Cependant les carabiniers de Victoria et des environs ont agi pour disperser la manifestation, provoquant un important affrontement durant lequel ils ont utilisé leurs armes de service de manière incontrôlée. Selon des sources extra-officielles, il y aurait un blessé résultant des tirs des policiers. Celui-ci n'est pas allé se faire soigner par peur d'être fait prisonnier.
L'attitude répressive des carabiniers, diffusée par la majorité des chaînes télévisées, a mis en évidence leur action armée démesurée, ressemblant plus à un film de far-west qu'à une intervention policière. A propos de ces incidents, différents dirigeants Mapuche ont réagi en les condamnant, des membres du gouvernement ont eux-mêmes dû reconnaître explicitement, devant les preuves en images, l'erreur dans la procédure employée par la police.
Ce grave épisode contre des Mapuche est un de plus s'ajoutant ces derniers jours, considérant les échanges de tirs à bout portant, dans la commune de Tirua, en plein lieu public qui se sont soldés par 4 blessés; et la fusillade dont a été victime un membre de la communauté Domingo Trangol (Victoria) et les permanentes répression judirico-policières qu'affronte la communauté de Temucuicui.
Traduction d'une dépêche de la Mapuexpress.

18/05.
Libération sous caution de cinq Mapuche accusés d'avoir enfreint la Loi de Sécurité Intérieure de l'Etat dans la région d'Arauco (VIII°). Nancy Millanao, Gumacindo Leiva, Hector Llaitul, Avelino Menaco et Manuel Fren était emprisonnés depuis deux mois au centre pénitencier de Conception.
Notons que ces libérations inespérées interviennent alors que les régions du sud Chili s'enflamment à la suite de diverses agressions policières envers des membres de communautés. La plus grave ayant eu lieu le 15 mai lorsque 4 personnes furent blessées par balle. A ce jour, Juan Liempi Marihuén continue d'être dans un état grave à l'hopital de Conception.

17/05.
"Je n'ai rien à voir avec cette histoire. Ils m'ont tiré dessus à deux mètres de distance, et m'ont demandé si je participais au conflit, je leur ai répondu que non"
"De nouveau, une personne a été blessée par balle durant l'intervention de carabiniers dans la zone de Curaco-Ranquil, entre Chol Chol et Galvarino à 45 km de Temuko (IX Région). Il s'agit de José Zurita Liempi qui a été blessé par balle alors que les carabiniers effectuaient une opération pour expulser une communauté occupant une propriété privée. Ce grave incident eu lieu alors que José Zurita Liempi rentrait ses animaux, les carabiniers l'ont suivi avant de lui tirer dessus."
Soulignons enfin que les interventions policières, de ces derniers jours qui se sont soldées par plusieurs Mapuche blessés lachement par balle, sont cautionnées et légitimées par les différentes instances de l'Etat chilien. Aussi nous vous incitons à exprimer votre indignation à
- Présidence du Chili. Président Ricardo Lagos Escobar: presidencia@segegob.cl;
- Intendance VIII Région, Intendant Jaime Tohá: intbiobio@interior.gov.cl
       -Fonofax: 56 - 41-225088;
- Intendance IX Région, Intendante Berta Belmar: intaraucania@interior.gov.cl
      -Fono Fax: 56 - 45 - 208217

16/05.
En réaction et afin de dénoncer l'agression de quatre Mapuche de Tirua, blessés par balle à la suite de l'intervention de la police civile, une centaine de personnes du Comité pour la Libération des Prisonniers Politiques ont occupé le bâtiment de la sous-direction de la CONADI à Temuko. Alors qu'une réunion se tenait au sein du bâtiment occupé afin de discuter les suites de l'action, et alors qu'un dialogue était engagé avec le directeur de la CONADI, les forces spéciales sont intervenues, produisant une forte réaction de la part du Comité et des étudiants Mapuche vivant dans le foyer contigu au batiment de la CONADI …
Les forces policières ont en effet voulu entrer dans l'enceinte du foyer et centre de développement socio-culturel Mapuche pour continuer leur rixe… Les pensionnaires s'y sont opposés, tandis qu'une manifestation étudiante spontanée (Mapuche et non-mapuche) de plus de 500 personnes se dirigeait vers la CONADI afin d'appuyer les étudiants Mapuche. L'arrivée pacifique des manifestants a été reçue de façon violente par les forces spéciales… se concluant par une journée de combat de rue autour de l'université et plusieurs blessés et arrestations…

15/05.
Information venant directement de la région de la Frontera: La police civile tire sur 4 Mapuche de Tirua
"La commune de Tirua, en plein territoire Mapuche de Arauco, entre la VIII et IX Région a été la scène d'une lâche attaque de la part d'une douzaine de policiers civiles qui armés ont procédé à l'arrestation arbitraire de José Marihuén, membre de communauté. Face à cette situation, des Mapuche qui se trouvaient dans le bureau de l'INP, pour recevoir leur pension, ont récusé l'action policière au milieu d'une altercation, ce qui s'est terminé par des tirs à bout portant de la police civile, blessant gravement Juan Liempi Marihuén, 39 ans qui est en danger de mort, Abel Marihuén Huenupil, 18 ans; Hernán Albornoz Carilao, 27 ans; et Domingo Marihuén Marihuén, 37 ans.
La situation s'est produite à la suite d'un ordre d'arrestation émis judiciairement pour l'application de la Loi de Sécurité Intérieure de l'Etat.

11/05
11 personnes ont été détenues après une intervention policière matinale au sein de la communauté de Chequenco revendiquant 150 hectares de la propriété Chiguaigue. Celle-ci avait fait l'objet ces derniers mois d'une récupération productive. La communauté était en train de préparer les semailles lorsque les forces spéciales ont investit, perquisitionné et détruit plusieurs habitations.

A Temuko, la communauté urbaine Juan Currín occupe un terrain leur appartenant ancestralement où a été construit une église. L'objectif de cette occupation est d'obtenir un rendez-vous avec l'évéché de Temuko, Sergio Contreras. Ce dernier a indiqué qu'il ne négocierait qu'avec une personnes de religion catholique et baptisée…

9/05
De nouvelles arrestations ont eu lieu dans le cadre du processus de récupération territoriale entrepris par diverses communautés Mapuche des province de Cautin et Malleco. La vague d'arrestations s'est initiée lorsque le juge fiscal a ordonné l'expulsion des communautés occupant plusieurs grandes propriétés de la région: àVilcun, la propriété Santa Margarita (177 hectares); à Galvarino, la propriété San Jorge (1700 hectares); et à Chol Chol, la propriété La Pradera.(600 hectares).


Mars - Avril

Les mois de mars et avril se sont caractérisés par la continuation de la politique répressive de l'Etat chilien à l'encontre des dirigeants et membres des communautés Mapuche en conflits dans la région d'Arauco. Nous n'avons pas pu en rendre compte dans cette présente rubrique, cependant les communiqués diffusés dernièrement témoignent par eux même de la violence et de l'arbitraire de la politique menée par le gouvernement de Lagos pour résoudre le "conflit indigène".

27/04.
Notons, au milieu de la vague d'arrestations caractérisant le mois d'Avril, la libération sous caution des plus anciens prisonniers politiques Mapuche : Julio Huentekura, Enrique Millalen et Juan Bautista Millalen.
Nous remercions tous ceux qui ont exrpimé leur solidarité aux communautés Mapuche et aux prisonniers politiques Mapuche et les incitons à continuer leur soutien. La politique de repression mise en oeuvre par le gouvernement Chilien contre les communautés reclamant leurs droits territoriaux et politiques est toujours active: Nancy Millanao, Anibal Salazar, Gumercindo Leiva, Manuel Fren, Hector Llaitul, Avelino Menaco, accusés d'infractions a la loi de securite interieure de l'Etat sont detenus dans le centre penitencier de Conception et Temuko.
Les motifs de leur detention et des accusations qui leur sont imputés sont clairement politiques et relevent de l'arbitraire. Aujourd'hui plus de 200 personnes sont en cours de proces pour avoir participe à des recuperations de terres, ou pour seulement avoir reclamé leur droit en tant que Mapuche.
Autant de raisons qui nous poussent à continuer notre labeur d'information et de soutien.

2/03.
Libération sous caution de José Nain dirigeant de la communauté de Temucuicui (Ercilla) emprissonné depuis plusieurs mois accusé d'avoir participé à l'incendie d'une habitation.


Février 2001

21/02.
"Un pas en arrière", c'est en ces termes que Aucan Huilcaman (Werken du Conseil de Toutes les Terres) a qualifié les conclusions d'une réunion des différentes autorités de l'Etat concernées par le conflit indigène qui s'est tenue au palais présidentiel, mardi 20 février. A l'occasion de cette réunion, le rôle de la CONADI a été renforcé, celle-ci étant "l'unique interlocuteur auquel doivent s'adresser les communautés réclamant leur terre".
Selon Huilcamán, l'Etat ne prend en compte que le droit à la terre, alors que d'autres droits sont niés historiquement au peuple Mapuche, tels que leurs droits politiques ; problème auquel la CONADI est incapable de répondre. "Nous nécessitons un organisme propre aux indigènes afin d'élaborer nos stratégies, et de nous mettre en relation avec l'Etat d'une façon différente. On nous impose des politiques faites par l'Etat et c'est à celles-ci que nous réagissons."

Dans un même temps, de nouvelles récupérations de terres ont été réalisées par les communautés Mapuche de Victoria et Ercilla :
- Dans la commune de Victoria les membres de la communauté Domingo Trangol revendiquent 530 hectares entre les mains de la Forestal Mininco. Le dirigeant de la communauté s'est plaint de l'absence de communication de la part de la CONADI.
- Dans la commune de Ercilla, la communauté de Temucuicui s'est réinstallée dans la propriété Alaska (1100 hectares). Rappelons que le conflit entre la Forestal Mininco et la communauté de Temucuicui est ancien, certains de ses dirigeants étant toujours emprisonnés. Apres de longues conversations, la communauté avait accepté un délai de deux mois pour que la CONADI rachète leur terre. Délais qui aujourd'hui touche à son terme. Marcelo Catrillanca, dirigeant de la communauté, s'est plaint du manque de sérieux de la CONADI et de l'existence d'une lourde bureaucratie en son sein empêchant la résolution des conflits. Cela a eu comme conséquence la perte de confiance en la CONADI pour résoudre le problème territorial de la communauté. Il a annoncé l'installation définitive de la communauté dans la propriété.

14/02.
Après presque 3 semaines d'emprisonnement, Segundo Bautista Ancalao Necul, Eduardo Manuel Meñaco Lincopí et Héctor Javier Llaintul Carillanca, intégrants de la communauté Pascual Coña, arrêtes lors de violents affrontements près du lac Lleu Lleu, ont été libérés sous caution. Les 9 personnes détenues et accusées d'avoir été les protagonistes de ces actions, ont toutes été remises en liberté, montrant les faiblesses et contradictions de la procédure judiciaire à l'encontre des Mapuche.

12/02.
Les mobilisations contre la construction du barrage Ralco continuent : occupation d'un local de la CONADI dans l'Alto Bio Bio par les opposants au barrage. Dans un communiqué, les Mapuche-Pehuenche réclament à l'Etat Chilien l'arrêt des travaux en vertu de l'article 28 de la loi indigène prévoyant la reconnaissance, le respect et la protection du patrimoine indigène de la part de l'Etat. La présence du directeur national de la CONADI Edgardo Lienlaf sur le lieu de l'occupation est également demandée.
Le communiqué des dirigeants Pehuenche occupant le local se conclut en réaffirmant leur soutien invétéré aux autres luttes du peuple Mapuche : "Toute lutte menée pour notre dignité est respectable, notre peuple ne peut être obligé à perdre son âme et ses racines au nom de la modernisation".

6/02.
Occupation du cimetière indigène de Quepuca Estadio par les membres des communautés Ralco Lepoy, Quepuca Ralco, afin de dénoncer la profanation (destruction, vol d'objets funéraires…) de plusieurs tombes par des ouvriers chargés de la construction du barrage Ralco. Ce sont des ouvriers eux-mêmes indigènes qui auraient dénoncé le forfait. Le cimetière de Quepuca Estadio fait partie des différents lieux sacrés qui seront submergés par les eaux du fleuve Bio-Bio ces prochains mois afin de construire le barrage Ralco.

5/02.

Occupations de propriétés près de Collipulli. Il s'agit des propriétés Ginebra (434 hectares) et Curaco (298 hectares), revendiquées par les communautés Mapuche de la zone. Les dirigeants des communautés ont insisté sur les conditions d'extrême pauvreté, dues à l'absence d'espaces productifs, dans lesquelles se trouvent aujourd'hui leurs familles.

Confirmation d'un prêt de 80 millions de dollars de la Banque Interaméricaine pour le Développement destiné aux indigènes du Chili. Différentes organisations indigènes ont salué ces nouveaux moyens financiers tout en montrant leur scepticisme sur l'utilisation qu'il en sera fait, puisqu'ils ne concerneront pas directement les conflits territoriaux mais principalement la mise en place de projets au sein des "zones de développement indigène".

2/02.
Diverses actions judiciaires concernant les affrontements entre membres de communautés du lac Lleu Lleu et Forces Spéciales de la semaine dernière :
- Segundo Bautista Ancalao Necul, Eduardo Manuel Meñaco Lincopí et Héctor Javier Llaintul Carillanca, arrêtés la semaine dernière dans la communauté Pascual Coña (Lac Lleu Lleu - VIIIème région), ont été écroués pour "coups et blessures envers des forces de police". Cette accusation s'ajoute à celle d'incendie de propriété privée et infraction à la loi de sécurité intérieure de l'Etat.
- La communauté d'où est originaire Abrahan Santi, étudiant en topographie, ayant perdu l'œil gauche après avoir reçu une décharge de balles en caoutchouc, a déposé différentes plaintes contre les forces de l'ordre pour "violence gratuite se traduisant par des blessures graves", "mauvais traitement à mineur" et "violation de la Charte Internationale des Droits de l'Enfant" ratifiée par le Chili.

José Llanquileo, représentant de la Coordinadora Arauko-Malleko, a nié l'existence d'un "commandant" au sein des communautés en conflit. Depuis le début des conflits, il y a deux ans, différents médias se sont fait l'écho de la présence d'un "commandante" en référence à la situation des Chiapas. Selon Llanquileo, de telles allégations constituent un manque de respect pour les communautés qui sont en train de revendiquer leur droit. Diffusées par la presse, ces rumeurs cherchent seulement à distraire l'opinion publique et occultent le problème central pour lequel les communautés sont en lutte aujourd'hui : la restitution de leurs droits politiques et territoriaux. La prétendue présence d'un "commandante" constitue un motif permettant au gouvernement soit disant socialiste de protéger les intérêts économiques de grandes entreprises capitalistes en militarisant la région et en appliquant la loi de Sécurité Intérieure.


"Manifestation contre la presse", c'est ainsi que titrait "El Diario Austral" daté du 3 février pour relater une manifestation à Temuko réclamant un traitement de l'information plus objectif à propos du conflit Mapuche. Il faut ainsi signaler que les quotidiens El Mercurio, El Diario Austral, La Tercera, ainsi que différentes chaînes télé, ont pris l'habitude de discréditer les revendications des communautés Mapuche en cherchant le sensationnalisme et en diffusant de fausses informations…. Ces derniers temps, elles se sont distinguées pour avoir largement ouvert leur page au secteur conservateur et raciste de la société chilienne (gérants de grandes entreprises, politiciens pinochétistes en campagne électorale, historiens nationalistes et racistes….) préconisant comme solutions aux conflits actuels la répression et l'application de la Loi de Sécurité Intérieure de l'Etat. Il faut enfin rappeler que des journaux, tel que El Mercurio (l'équivalent du quotidien Le Monde en moins indépendant), sont contrôlés par l'homme d'affaire de droite Agustin Edward, qui a en son pouvoir 70% de tous les moyens d'information écrits nationaux.
A l'occasion de cette manifestation, Aukan Huilkaman dirigeant du Conseil de Toutes les Terres, une des organisations accusée par la droite chilienne de faire du "terrorisme rural", a dénoncé la connivence entre partis politiques de droite, gérants d'entreprises forestières et propriétaires particuliers qui réclament publiquement et de manière xénophobe la persécution judiciaire des Mapuche. Il a également reproché à divers hommes politiques de droite de profiter de la situation pour faire leur campagne électorale.


Dans un communiqué, Victor Ancalaf et Luis Ancalaf, dirigeants de la communauté Choin Lafkenche (Collipulli), ont dénoncé l'hypocrisie des différents politiciens qui exigent le respect de "l'état de droit" et de la loi dans la région d'Araucanie. Ces mêmes politiciens sont les complices et les vrais protagonistes du mal fait contre les communautés, en favorisant l'installation de grandes multinationales du bois, en militarisant le territoire Mapuche, et en emprisonnant de façon arbitraire lors de diverses actions répressives.
Selon les dirigeants de Collipulli, il existe clairement une connivence entre pouvoir politique et intérêts économiques : "Cela s'est manifesté spécialement par les positions adoptées par les Intendants (Préfets) Berta Belmar et Jaime Tohà, la Ministre de planification Alejandra Krauss, qui apparaissent plus comme des employés des grandes entreprises et latifundistes que comme des serviteurs de l'Etat. La discrimination raciale a été clairement démontrée par l'Intendante Belmar qui est allée visiter à l'hôpital les agriculteurs blessés par des personnes masquées en zone de conflit, et a accusé sans aucune preuve les Mapuche d'en être les agresseurs. D'autre part, l'Intendante a ignoré et est restée indifférente face à l'attentat dont a été victime Daniela Ñancupil, 12 ans, fille du Lonko (chef), lors d'une attaque lâche de la part des forces spéciales des carabiniers (voir info du 16/1).
Le communiqué conclut : " Quoiqu'ils fassent pour cataloguer les mobilisations Mapuche en tant que terrorisme, vandalisme ou infiltration étrangère, celles-ci sont le légitime résultat de la défense des communautés. Elles sont justifiées par la récupération du territoire et par l'éradication des entreprises forestières de notre zone, face à l'imminent génocide qu'ils sont en train de provoquer contre le peuple Mapuche. Nous les Mapuche n'avons pas besoin dans nos actions d'idéologies et d'agents exterieurs pour nous mobiliser et défendre nos droits. De même, en tant que communautés nous maintiendrons fermement notre position dans les territoires en conflit, puisqu'il n'existe pas les conditions politiques de la part du gouvernement pour chercher une véritable solution à nos problèmes, encore plus si la répression et la militarisation de nos terres persistent. On ne peut pas négocier aujourd'hui s'il y a encore des prisonniers politiques Mapuche, une loi de Sécurité Intérieure, et s'il n'y a pas de volonté véritable de nous rendre nos terres réclamées ".

 


Janvier 2001

29/01.
Expulsions et affrontements dans la communauté Juan Currín.(Temuko) se concluant par 6 arrestations et un mineur blessé durant l'intervention des Forces Spéciales venues exécuter un ordre d'expulsion.

27/01.
Suite aux incidents qui ont suivi l'expulsion des communautés occupant la propriété Los Troncos au bord du lac Lleu Lleu (Tirua) et qui s'est résolue par 8 arrestations, plusieurs blessés et l'incendie d'une hacienda, le gouvernement a décidé de décréter l'application de la loi de Sécurité Intérieure de l'Etat. Le gouvernement Chilien répond ainsi aux préoccupations exprimées à plusieurs reprises ces dernières semaines par différents secteurs de la société Chilienne (gérants de multinationales du bois, politiciens pinochétistes, latifundistes…). Rappelons que la loi de Sécurité Intérieure de l'Etat, est une mesure spéciale adoptée durant la dictature contre les groupes terroristes mettant en danger la sécurité de l'Etat. L'application de cette loi se traduit par la négation de tout droit pour les présumés coupables et par la militarisation des zones concernées.

26/01.
"Les Mapuche violents sont des délinquants qui doivent être réprimés", c'est en ces mots que le Président Ricardo Lagos s'est prononcé sur les récupérations de terres Mapuche lors de sa visite dans la région d'Araucanie. Il a également insisté sur le fait que selon lui, la quantité de communautés en conflit reste minime et ne représente pas la majorité des Mapuche."

20/01.
Occupation de l'ambassade de Hollande à Santiago de Chili par le Comité de soutien aux prisonniers Politiques Mapuche.
A cette occasion les occupants de l'ambassade ont dénoncé les graves irrégularités existant dans le procès de différents membres de communauté Mapuche emprisonnés lors de différentes actions de récupération de terres :
1. Deux fonctionnaires carabiniers de Collipulli ont falsifié un document judiciaire afin d'inculper les frères Millalén de la communauté Catrio Ñancul pour infraction à la Loi de Sécurité Intérieure de l'Etat. Dans un premier document sur l'enquête de l'incendie d'une camionnette de gardes forestiers (18 février 2000) de l'entreprise Mininco, ils indiquent que sur le lieu des faits, un portefeuille a été trouvé. Celui-ci comportant une carte d'identité au nom Enrique Millalén. C'est pour cette unique raison que ce dernier a été emprisonné et écroué depuis plus de 7 mois. Une enquête postérieure a démontré que l'équipe de carabiniers n'avaient pas rencontré ces documents sur les lieux de l'incendie. Les fonctionnaires carabiniers ont donc falsifié ces documents, et Enrique Millalen a été injustement emprisonné.
2. Lors de l'enquête sur l'incendie de l'habitation de Feliciano Cayul (1 mars 2000), le gouvernement régional a présenté des témoignages contradictoires. Ceux-ci ont ainsi déclaré avoir vu Marcelo Catrillanca Queipul membre de la communauté de Temucuicui près du lieu de l'incendie (motifs pour lequel ce dernier a été emprisonné et écroué). Ces témoignages ont été réprouvés par les autorités judiciaires mêmes, puisque Marcelo Catrillanca se trouvait à la prison de Collipulli lors de l'incendie (du 29 février au 3 mars).
3. Julio Marileo, Ariel Tori, Juan Bautista Millalén, Julio Huentecura (ces deux derniers étant en prison depuis 9 mois), sont quant à eux accusés sur la seule base du témoignage de Pedro Maldonado Urra. Celui-ci présente de graves troubles psychologiques. De plus, lors de son interrogatoire, il a été maintenu sans communication dix jours, durant lesquels il a été menacé et manipulé. Malgré le fait que les juges ont entre les mains tous ces antécédents, ils continuent à nier la liberté à Juan Bautista Millalen et Julio Huentekura.
4. Enfin, un document signé par le Général Mauricio Catalán Devlahovich chef de Zona de Malleco (datant du 12 juin 1999), révèle que le personnel de l'institution dans le traitement des communautés se comporte de manière grossière, méprisante et discriminatoire, employant la violence de façon disproportionnée… De son propre aveu le général reconnaît que les forces policières provoquent des affrontements avec les Mapuche….
La déclaration se termine en dénonçant le traitement discriminatoire lors des procès judiciaires affectant les Mapuche, et en exigeant la liberté des prisonniers politiques emprisonnés pour leur juste lutte visant à récupérer leurs terres usurpées.

18/01.
La création d'une commission "Vérité historique et nouveau traitement des peuples indigènes" a été annoncée par le président Lagos, formée de 20 personnes de divers horizons de la société civile (représentants d'ethnies indigènes, religieux, universitaires, politiques et entrepreneurs) Celle-ci sera chargée de faire une analyse de la situation historique de la relation Etat, société et peuples indigènes, dans le but d'établir les bases d'un "nouveau traitement".
Aukan Huilcaman, dirigeant du Conseil de Toutes les Terres, a annoncé qu'il ne participera pas à cette commission. Dans un communiqué signé par différentes organisations dont le Conseil de Toutes les Terres, les dirigeants insistent sur le fait qu'il n'y a pas eu de processus de consultation donnant l'opportunité de fournir un autre point de vue sur le mandat, a durée et la nature des décisions de cette commission. De plus, aucune garantie n'existe pour que ces décisions soient réellement respectées par l'Etat Chilien (rappelons-nous de la proclamation de la Loi Indigène qui aujourd'hui n'est respectée ni par l'Etat, ni par les grandes entreprises forestières).

16/01.
Brutale expulsion à Galvarino. L'occupation de la propriété forestière Santa Elisa depuis le 12 de ce mois par les communautés de Quinahue y Rincarricahue (Galvarino) s'est conclue par la violente intervention d'un effectif de 300 carabiniers, utilisant fusils à balles en caoutchouc et bombes lacrymogènes pour expulser les membres des communautés réclamant leur terre…

Daniela Ñancupil, 12 ans, fille du Lonko (chef) José Ñancupil de la communauté qui revendique ses droits territoriaux, a été lâchement attaquée par les carabiniers. La bavure a eu lieu alors que le conflit avait lieu dans un autre secteur de la communauté. Les carabiniers chargés de la répression des mobilisations Mapuche dans la propriété El Carmen sont descendus de leur bus pour tirer des balles en caoutchouc et une bombe lacrymogène sur la jeune fille qui était en train de rentrer les animaux. Elle a été emmenée d'urgence à l'hôpital régional de Temuko où ses jours ne sont plus en danger.

Expulsion de familles Mapuche de la propriété Margarita (Vilcun) se traduisant par l'arrestation de 8 personnes. Une requête a été déposée par les membres de la communauté pour le caractère injuste de ces interpellations : "les carabiniers ayant falsifié des documents selon lesquels ils auraient arrêté des membres de la communauté au sein de la propriété occupée alors que ces derniers étaient en réalité à un kilomètre de là".