Fatiguées, d'attendre le lent transfert
des terres de l'État et la reconnaissance toujours
problématique de leurs droits, des dizaines de
communautés mapuches ont entamé un processus
de mobilisations auquel l'État du Chili répond
par une extrême dureté.
Des milliers de Mapuches sont arrivés
le 22 octobre à midi devant l'Intendance Régionale
à Temuco (capitale de l'Araucanía, 700
kilomètres au sud de Santiago) pour manifester
contre la violence des policiers qui tirent des chevrotines
contre des enfants. « Après être
arrivés au centre de la ville, un groupe d'enfants
mapuche des communautés d'Ercilla a ouvert un
sac qui contenait les restes de plus de 200 bombes lacrymogènes,
des cartouches et des douilles de balles de la police,
selon le journal Azkintuwe » [1]
La manifestation, convoquée
par l'Alliance Territoriale Mapuche, avait comme objet
de démentir les autorités qui ont affirmé
qu'il n'y avait pas de cas d'enfants blessés
par l'intervention des policiers dans la zone. Le lonko
(autorité Mapuche) Juan Catrillanca, a signalé
que lors d'un acte violent, sept enfants de l'école
ont été blessés par de la chevrotine
et c'est pourquoi ils étaient en tête de
cette marche, surveillée par un contingent important
de policiers.
« Nous n'avons pas peur de l'État
chilien et de sa violence, notre chemin avance vers
la libération nationale mapuche. Nous savons
que nous continuerons à résister dans
nos communautés », a déclaré
à la foule le werken (conseiller) de l'Alliance,
Mijael Carbone.
« Nous sommes tous ici, voilà
les enfants blessés, tout le monde peut les voir,
voilà mon fils Pablo avec un œil en moins,
voilà les mères des bébés
qui ont reçu des gaz lacrymogènes il y
a une semaine à Temucuicui, voilà Carlos
Curinao, frappé cruellement par la police le
même jour, tous sans soins médicaux suffisants.
Nous sommes venus exiger pacifiquement du respect encore
une fois", a déclaré Catrillanca
[2]
Bien que les autorités le nient,
tant l'église catholique et que des organismes
internationaux ont confirmé qu'il y a eu des
enfants blessés par des plombs de chevrotine.
Gary Stahl, représentant de l'UNICEF au Chili
a été très clair : "Pour qu'il
n'y ait pas une autre génération de Chiliens
marquée par la violence, nous devons savoir ce
qui s'est passé et chercher une solution pour
que cela ne recommence pas à l'avenir" [3].
Le 5 octobre, un enfant de 14 ans de la communauté
Rofué, a fait l'objet de coup de feu, détenu,
emmené dans un hélicoptère, frappé,
attaché et menacé par les policiers de
le jeter au sol s'il ne donnait pas les noms des personnes
qui à ce moment là avaient participé
à la reprise des terres de Santa Lucia [4]
Des organismes de droits de l'homme
ont constaté des dizaines de cas, durant les
deux dernières années, dans lesquels des
mineurs ont été l'objet de coup de feu
avec de la chevrotine et frappés par le corps
des carabiniers, de la police militarisée chilienne.
« Jusqu'à présent nous n'avons vu
aucune enquête impartiale pour savoir ce qui s'est
passé », a ajouté Stahl après
avoir exigé du gouvernement de Michelle Bachelet,
au nom de l'Unicef, de prendre des mesures pour assurer
la protection des enfants Mapuches [5]. L'indignation
a dépassé les barrières ethniques
cette semaine, quand le Ministère de l'Intérieur
a accusé les parents Mapuches d'utiliser leurs
enfants comme « bouclier » dans les opérations
de récupération des terres, ce qui a provoqué
une vague d'indignation qui a parcouru le pays du nord
au sud.
Terre et pauvreté dans l'Araucanie
La pauvreté au Chili touche
22,7 % de la population, mais au sein des indigènes
elle atteint 35,6 %. Les familles indigènes reçoivent
presque la moitié des revenus des familles non
indigènes. La scolarisation des non indigènes
est de 2,2 ans inférieure la moyenne nationale
qui est de 9,5 ans et seulement 3 % de la population
rurale mapuche de 15 ans a une éducation post-secondaire.
Seuls 41 % des logements indigènes ont un égout
et 65 % l'électricité. La mortalité
infantile dans plusieurs municipalités indigènes
dépasse de 50 % de la moyenne nationale [6]
L'indice de développement humain
de la population Mapuche est inférieur à
celui de la population non indigène (0,642 contre
0,736). Le plus bas du pays se trouve dans les zones
rurales de l'Araucanie ( territoire Mapuche au sud du
Bio Bio), avec 0,549, mais celui de la femme Mapuche
en zone rurale est encore plus bas, avec 0,513. En plus
de pauvres, ils sont discriminés, d'une manière
« presque totale dans les médias, en particulier
à la télévision » [7]. Les
Mapuches n'ont pas de représentation au Parlement.
Cependant, l'État est confronté
à une politique active en faveur des peuples
indigènes et du peuple Mapuche en particulier.
La Corporation Nationale de Développement Indigène
(CONADI) à travers son Fonds des Terres et Eaux
Indigènes, a cédé dès 1994,
environ 200.000 hectares aux Mapuches dont ont bénéficié
plus de 10.000 familles. Le chiffre est insuffisant
puisqu'on estime qu'encore 200.000 hectares de plus
seraient nécessaires. De plus, plusieurs se somment
de forme individuelle et non commune, le processus est
très lent, et laisse dehors beaucoup de communautés
et les programmes d'appui [8] n'existent pas.
Au sein des Mapuches, des plaintes
s'élèvent parce qu'aucun des programmes
officiels n'est élaboré avec les communautés.
Un bilan des politiques de l'Etat, a permis en 2003
à l'envoyé spécial des Nations
Unies pour les Droits Indigènes, Rodolfo Stavenhagen,
de conclure que « bien que des avances importantes
pendant les dix dernières années se soient
produites, ceux-ci continuent de vivre une situation
de marginalisation et de négation qui les maintient
significativement écartés du reste de
pays » [9]
La situation se trouve aggravée
par l'impressionnante expansion forestière que
vit le sud du Chili depuis trente ans. En 1960 chaque
famille Mapuche avait en moyenne 9,2 hectares bien que
l'État soutenait qu'ils avaient besoin de 50
hectares pour vivre dignement. Entre 1979 et 1986, 5,3
hectares correspondaient à chaque famille, surface
qui est actuellement réduite à seulement
3 hectares de terre par famille. Sous la dictature les
Mapuches ont perdu 200.000 des 300.000 hectares qu'ils
conservaient encore. L'avance des entreprises forestières
et hydro-électriques sur leurs terres, provoquent
une augmentation exponentielle de la pauvreté
et de l'émigration.
Il y a actuellement deux millions d'hectares
de monoculture forestière dans l'Araucanie entre
les mains de trois grandes entreprises. L'ensemble des
terres mapuches n'atteignent pas 500.000 hectares, où
vivent environ 250.000 copropriétaires dans environ
deux mille réserves qui sont des îlots
dans une mer de pins et d'eucalyptus. « 70 % des
organismes territoriaux mapuches sont affectés
directement par l'impact sur l'environnement produit
par la pénétration des entreprises forestières
» qui modifient l'écosystème, puisque
« les forêts artificielles sèchent
leurs estuaires et puits les isolent géographiquement
et contaminent le sol », selon le chercheur Juan
Calbucura [10].
Les enfants au centre du conflit
Dans ce scénario, se développe
une lutte constante des communautés pour récupérer
les terres ancestrales qui leur ont appartenu jusqu'à
il y à peine vingt ou trente ans. Cette lutte
se heurte avec les grandes entreprises forestières
et avec l'État chilien qui les appuie. Le résultat
est une militarisation croissante des communautés
les plus actives. Cette année a été
marquée par une croissance importante de l'activisme
mapuche.
En juillet, une centaine de délégués
des communautés ont remis une lettre à
la présidente Bachelet qui a été
interprétée comme le commencement d'un
vaste processus de récupération des terres.
En août, le dirigeant Mapuche Jaime Facundo Mendoza
a été tué tandis que le Groupe
d'Opérations Spéciales évacuait
une propriété que des dizaines de familles
avaient prise dans la zone d'Ercilla. Les obsèques
ont été impressionnantes : elles ont duré
quatre jours et sont arrivés des milliers de
« membres de communautés » de toute
l'Araucanie, spécialement des communautés
de l' Alliance Territoriale Mapuche, récemment
créée, la nouvelle organisation regroupe
entre 60 et 120 communautés.
Mais sont aussi arrivés d'autres
groupes, comme le Conseil de Toutes les Terres, qui
a joué un rôle important dans la décennie
de 1990, et la Coordination plus radicale Arauco Malleco,
créé en 1998, qui a récemment déclaré
la guerre à l'État du Chili. Mais, surtout,
étaient aussi présentes des dizaines d'associations
culturelles, d'autorités traditionnelles, des
foyers d'étudiants d'université et le
Parti Nationaliste Mapuche Wallmapuwen.
Le 12 octobre ont manifesté
à Santiago plusieurs dizaines de milliers de
personnes convoquées par Meli Wixan Mapu, organisation
mapuche urbaine, à laquelle s'est joint un vaste
spectre de groupes indigènes et sociaux, dans
la plus grande manifestation des dernières années
dans le pays. Signe des temps et du prestige de la lutte
Mapuche, était présent la Garra Blanca,
les fans du Colo Colo [Club chilien de Football] agitant
leurs drapeaux dans l'Alameda, à côté
des drapeaux mapuches et des pancartes dénonçant
le conflit et les festivités officielles du bicentenaire
de l'indépendance [11]
C'est l'une des caractéristiques
les plus marquantes de l'épisode actuel du conflit
mapuche : la participation croissante de winkas (blancs),
en solidarité devant la répression étatique
qui utilise des méthodes et des lois datant de
Pinochet, comme la Loi Antiterroriste. Au Chili il y
a un débat pour savoir s'il convient d'appliquer
cette législation à des actions violentes
contre des biens (comme des camions, des plantations
forestières, etc.) mais qui ne portent pas atteintes
aux personnes.
Presque une demi-centaine de prisonniers
mapuches peuplent les prisons, parce que l'État
répond aux occupations de terres par des représailles
massives contre des communautés entières.
Quelques enfants ont été frappés
en même temps que leurs mères le 16 de
ce mois [novembre 2009], comme cela arrive chaque fois
que les policiers entrent dans des communautés
de la commune d'Ercilla et tirent sans discrimination.
Ce jour là ils sont arrivés à l'école
de Temucuicui et ont commencé à lancer
des projectiles, faisant douze blessés et 30
personnes asphyxiées, la majorité des
enfants [12]
Accord 169 : un pas avant ?
En septembre est entré en vigueur
l'accord 169 de l'OIT qui reconnaît les droits
collectifs des peuples indigènes. Le Chili a
été le dernier pays de l'Amérique
du Sud ,parmi ceux où vivent des indigènes,
à approuver cette législation, avec 20
ans de retard. On remarque que les gouvernements de
la Concertation Démocratique ont toujours été
réticents à adopter une législation
qui a été déjà approuvée
en 1991 en Bolivie et en Colombie, bien qu'ils aient
eu à cette époque des gouvernements conservateurs.
Bartolomé Clavero, juriste et
historien espagnol membre du Forum Permanent des Nations
Unies pour les Questions Indigènes, soutient
dans un article récent que le même jour
où est entré en vigueur l'Accord 169,
« le gouvernement publie, sans consultation ni
consentement de la part des indigènes, le Règlement
qui règle la consultation et la participation
des peuples indigènes. Il le fait précisément,
à la vue de son contenu, pour se réserver
des mécanismes de contrôle de consultations
futures » [13]
Clavero assure que l'actuel rapporteur
Spécial des Nations Unies, James Anaya, a maintenu
un dialogue étendu avec le gouvernement en remarquant
que le règlement de l'Accord 169 devait être
élaboré en consultation avec les peuples
indigènes. Et voilà qu'il ajoute : «
la question du Règlement de l'Accord n'est pas
la première preuve de la mauvaise foi dont le
Gouvernement du Chili, fait impassiblement preuve dans
ses relations avec les mécanismes internationaux
de droits de l'homme d'autant plus quand il s'agit de
l'intérêt des peuples indigènes
».
Selon lui, le gouvernement cherche
« une réforme constitutionnelle pour reconnaître
les peuples indigènes sans la reconnaissance
de leurs droits ». C'est pourquoi il parle «
de mauvaise foi », puisqu'il reconnaît quelquechose
formellement pour le nier par la voie des faits. Et
de conclure : « La mauvaise foi joue en effet
sur deux bandes, contre les peuples indigènes
et face aux institutions internationales des droits
de l'homme ». Dans son rapport postérieur
à sa visite au Chili, le Rapporteur Spécial
James Anaya trouve « un niveau significatif de
méfiance, de mécontentement et jusqu'au
rejet des plans, des programmes et politiques du Gouvernement
de la part des peuples indigènes » qu'il
attribue aux ineptes politiques officielles [ [14]
Si tel est le langage qu'utilisent
de juristes internationaux prestigieux, on peut imaginer
ce que ressentent les activistes mapuches, quand ils
constatent que l'on prétend reconnaître
les apports des peuples originaires dans la création
de la nation chilienne, mais qu'on refuse que ces peuples
soient sujets de pleins droits. « La vague répressive
», remarque le site Mapuexpress.net, est un rideau
pour cacher ce qu'ils appelent « un coup d'État
constitutionnel contre les peuples indigènes
et leurs droits » [15]
Une nouvelle génération
Dans ce nouveau cycle de luttes, une
nouvelle génération commence à
émerger qui, comme le signale le quotidien La
Segunda, « s'arme de diplômes universitaires
pour défendre la cause indigène »
[16]. Dans la seule ville méridionale de Temuco
il y a quatre foyers autogérés avec 220
étudiants. Ils suivent de préférence
des cursus d'anthropologie, droit et journalisme, pendant
leurs cours ils redécouvrent l'histoire Mapuche,
et notamment que la soi-disant « Pacification
de l'Araucanie », faite par la République
à la fin du XIXe siècle, n'a pas été
autre chose qu'une guerre de l'extermination contre
leur peuple.
De la main de cette génération
de nouveaux sujets et concepts apparaissent : la lutte
pour récupérer la terre est pour reconstruire
le territoire Mapuche, soit la « Nation »
; ils défendent l'autonomie, tant vis à
vis des partis politiques, qu'à l' échelle
plus large de l'État chilien ; ils font le pari
non seulement de maintenir la culture et l'identité
vivante, mais de se reconstruire comme peuple en utilisant
des outils comme le droit ancestral. C'est une génération
urbaine, et bien que le mouvement continue d'avoir une
forte composante rurale, les organisations citadines
grandissent et se lient avec d'autres mouvements sociaux.
Ils ont construit un vaste réseau
de médias numériques, radiophoniques et
de presse, et avec certains mapuches à l'extérieur,
et ont tissé des alliances avec des organisations
de la société civile comme l'ONG l'Observatoire
Citadin et plusieurs autres. Leurs demandes sont de
plus en plus politiques et ils les formulent dans un
langage nouveau : « Restituer la territorialité
et l'autonomie des peuples indigènes du Chili,
démilitarisation du territoire, retrait des multinationales,
respect des droits de l'homme du peuple Mapuche"
[17]
Ils montrent une authentique dévotion
pour les études historiques, comme cela arrive
souvent avec tous les peuples qui récupèrent
leur dignité. Le lonko Juan Catrillanca, de la
communauté emblématique de Temucuicui
de Ercilla, et dirigeant de l'Alliance Territoriale
Mapuche, a assuré que son organisation continuera
d'occuper des propriétés privées
pour que le gouvernement continue à leur transférer
des terres. L'Alliance invoque le Traité de Tapihue,
signé entre l'État chilien et le peuple
Mapuche en 1825, pour respecter la frontière
existante à cette époque et permettre
le passage et le commerce entre les habitants du Chili
et Wallmapu (Pays Mapuche).
Ils soutiennent que ce traité
a été violé en 1881 quand le Chili
a militairement envahi l'Araucanie. « Nous voulons
récupérer six millions d'hectares. Tandis
que, nous continuerons avec les récupérations
et nous nous défendrons seulement avec nos wiños
(canne en bois) et boleadoras », a dit Catrillanca
en août, pendant la présentation de l'Alliance
[18]. Comme le signale l'historien Víctor Toledo
Llancaqueo, on passe des « terres en conflit »
à des « territoires en conflit ».
[19]
* Raúl Zibechi est analyste international de
l'hebdomadaire Brecha de Montevideo, enseignant et chercheur
sur les mouvements sociaux à la Multiversidad
Franciscana de l'Amérique Latine, et conseiller
de plusieurs groupes sociaux.
Traduction de l'espagnol pour El Correo de : Estelle
et Carlos Debiasi.
Notes :
[1] Azkintuwe, le 22 octobre 2009.
[2] Idem.
[3] Journal La Nacion, Santiago, le 26 octobre 2009.
[4] Observatorio Ciudadano, " Faits de violence
imputables à des policiers du Chili qui ont affecté
des enfants mapuche dans la région de l'Araucanía
(2007-2009)", Temuco, un octobre 2009.
[5] Journal La Nacion, 26 octobre.
[6] Jorge Calbucura et Fabien Le Bonniec, "Territoire
et territorialité dans un contexte post-colonial",
Ñuke Mapuföralget Working Papers No. 30,
le Chili, 2009.
[7] Idem.
[8] Idem. , p. 20.
[9] Cité par Jorge Calbucura, p.23.
[10] Idem, p. 117.
[11] le quotidien La Nation, le 13 octobre 2009.
[12] Observatoire Ciudadano, ob. cit.
Cette action a valu au gouvernement une condamnation
de la Fédération Internationale des Droits
de l'homme, qui s'ajoute aux recommandations du Comité
Contre la Torture des Nations Unies, émises en
mai dernier, pour que les forces de sécurité
cessent leur mauvais traitement du peuple Mapuche [[Mapuexpress,
le 24 octobre 2009.
[13] Bartolomé Clavero, ob. cit.
[14] James Anaya, ob. cit.
[15] Mapuexpresss, le 3 novembre 2009.
[16] La Seconde, le 1 septembre 2009 dans www.lasegunda.com
[17] Convergencia de las Culturas, Santiago, le 23
octobre 2009.
[18] Azkintuwe, le 15 août 2009.
[19] Víctor Toledo Llancaqueo, ob. cit. p. 103.
La terre est un espace physique pour produire. Le territoire
est un espace intégral (physique, culturel, religieux,
symbolique). Toledo le définit comme "une
continuité spatiale, un territoire avec ses eaux,
ses espèces et ses sols cultivables, comme aussi
son droit de partager les décisions qui touchent
ce territoire. Un territoire imaginé qui se superpose
à l'espace réel des plantations et à
l'espace dessiné des limites administratives,
et qui constitue l'identité à reconstruire"