COMMUNIQUE PUBLIC

Je soussigné, Jaime Huenchullan Cayul, prisonnier politique Mapuche, incarcéré dans la prison d’Angol, viens exposer à la communauté nationale et internationale les faits suivants :

Je suis détenu dans la prison d’Angol depuis environ deux mois, en raison d’une persécution permanente exercée à l’encontre de ma communauté de Temucuicui ainsi que de ma famille, par de grands propriétaires terriens de la région et le Ministère public de la Justice, représenté par les procureurs de Traiguen et de Collipulli. Ceux-ci ont monté un scénario de représailles contre la communauté mapuche de Temucuicui, pour le seul fait d’être une communauté qui, tout au long des générations, a revendiqué ses droits légitimes en tant que peuple Mapuche.

Ce scénario, élaboré par le Ministère Public de la Justice et orchestré par les grands propriétaires terriens et les entreprises forestières, consiste à nous inculper et à nous accuser d’une série de délits, sans relation apparente avec le conflit mapuche. Il s’agit d’une nouvelle stratégie pour inculper les dirigeants et membres de nos communautés. C’est ainsi qu’on nous a accusés de vol de bétail, d’atteintes à la propriété d’autrui, de menaces proférées à autrui et d’autres délits de droit commun, dans le seul but de nous garder en prison et de nous poursuivre judiciairement. De même que de nous empêcher de continuer à défendre nos droits en tant que peuple indigène et de nous éloigner du sein de nos organisations traditionnelles.

A ceci s’ajoute la militarisation des territoires appartenant à nos communautés par les forces spéciales de police qui protègent le patrimoine des grands propriétaires terriens et des entreprises forestières qui envahissent notre territoire, créant un climat de harcèlement systématique et en imposant un état de siège aux communautés mapuches et, dans ce cas précis, à celles situées dans la commune d’Ercilla. La répression que doivent supporter nos frères s’accompagne quotidiennement de maltraitances physiques et psychologiques qui touchent des enfants, des femmes et des personnes âgées, de violations illégales de domicile et de contrôles d’identité abusifs sur les routes de nos communautés.

A la mi-novembre de l’année 2004, alors que j’étais en train de travailler, j’ai reçu plusieurs impacts de fusil de chasse tirés par des inconnus à l’intérieur même de ma communauté, sur le territoire que nous a rendu la Conadi. Après cette agression, je suis resté toute la nuit dehors, perdant mon sang, et ce n’est que le lendemain que ma tante m’a trouvé et m’a conduit à l’hôpital de Victoria où là le personnel médical m’a traité de manière raciste et discriminatoire. Depuis, je me retrouve avec plus de 40 éclats dans le corps sans avoir reçu de traitement médical.

Le Ministère Public de Justice, jusqu’au mois de janvier 2005, n’avait entrepris aucune démarche pour retrouver et identifier les responsables de cette agression. Sa seule action pour éclaircir les faits a été de recevoir une plainte pour tentative d’homicide présentée par des avocats privés. Il est alors paradoxal que ce soit le même procureur qui poursuive ma communauté et ma famille et qui soit chargé de l’enquête contre les auteurs de la tentative d’homicide dont j’ai été victime.

En conséquence, ensemble avec les frères Jaime Marileo, Patricio Marileo, Jorge Manquel, Carlos Huenulao et Patricia Troncoso, prisonniers politiques détenus à la prison d’Angol, nous avons commencé, ce lundi 7 mars, une grève de la faim indéfinie afin d’exiger :

LA LIBERTE IMMEDIATE DE TOUS LES PRISONNIERS POLÍTIQUES MAPUCHES DETENUS

A TRAIGUEN, ANGOL ET CONCEPCION

LA FIN DE LA PERSECUTION JUDICIAIRE

A L’ENCONTRE DES MAPUCHES.

LA DEMILITARISATION DES COMMUNAUTES

QUI SE TROUVENT CONTROLEES PAR DES POLICIERS

DE LA PRISON POLITIQUE D’ANGOL

JAIME HUENCHULLAN CAYUL

MARRICHIWEW.