La Nation Mapuche

Europe, août 2002

La nation mapuche se situe dans le cône sud de l'Amérique du sud, dans les territoires occupés aujourd'hui par les états du Chili et de l'Argentine. Au Chili, ils résident en majorité dans les provinces de Bio-Bio, Arauco, Malleco, Cautin, Valdivia, Osorno, Llanquihue y Chiloé. Conséquence de la surpopulation dans les réserves indigènes ; la majorité des mapuches résident aujourd'hui dans les grands centres urbains de Santiago, Concepcion, Valparaiso, Temuco et Valdivia. En Argentine, les mapuches habitent dans les provinces de Buenos-Aires, La Pampa, Neuquèn, Rio Negro et Chubut.

En Argentine, la population mapuche se situe autour de deux cent cinquante mille habitants. Dans le dernier recensement réalisé au Chili en 1992, par l'Institut National des Statistiques, un million des personnes se sont déclarées appartenir au peuple mapuche.

La nation mapuche habite un territoire historique ancestral : la Wall-Mapu ; Wall = Univers – Mapu = Terre / Territoire. C'est dans cet espace territorial que se situe géographiquement les Identités territoriales mapuches :

Puel Mapu : la terre de l'est (Pampa et Patagonie en Argentine) espace territorial des puelches.

Pikun Mapu : la terre du nord ; espace territorial des pikunches.

Willi Mapu : la terre du sud ; espace territorial des williches.

Pewen Mapu : la terre des pewens (araucaria imbricata) ; espace territorial des pewenches.

Lafken Mapu : la terre de la mer ; espace territorial des lafkenches.

Nag Mapu : la terre des plaines ; espace territorial des nagches.

Wente Mapu : la terre des vallées ; espace territorial des wenteches.

Selon leurs origines territoriales les mapuches s'autodéfinissent en tant que Puelches : gens de l'est ; Pikunches : gens du nord ; Williches : gens du sud ; Pewenches : gens du pewen ; Lafkenches : gens de la mer ; Nagches : gens des plaines ; Wenteches : gens des vallées.

Dans le cadre de la structure de l’Identité Territorial Mapuche se reproduit la structure politique traditionnel du peuple Mapuche, organisé en quatre régions géographiques appelées Meli Wixan mapu. Chaque Wixan mapu est intégré par des aylla rewe (neuf départements), composés de communautés, connues sous le non de Lof.

Le lof est représenté par le/la Lonko qui constitue la tête de l’ensemble des autorités qui, traditionnellement, régissent les destinées de la communauté, dans laquelle sont inclus : la/le machi (guide spirituel, médecin) ; le Werken (porte parole, ambassadeur, messager) ; le Ngenpin (officié, maître de cérémonie, historien) et le Nidol (enseignant des lois et des codes de pratiques). L’ensemble des membres du Meli wixan-mapu se doivent de suivre l’Ad-mapu ou code de conduite, lequel régule et sanctionne son comportement et sa responsabilité devant la communauté.

Malgré les efforts assimilationnistes de la société dominante ; le peuple Mapuche a su préserver sa langue (mapudugun), sa religion et le fonctionnement des réserves indigènes où il s’est vu forcé de vivre depuis le début du XX siècle. L’identité de nation autonome unie a la conscience de faire partie d’un ensemble culturel historique, spirituellement différent, à engendré un mouvement politico-social qui se nourrit d’aspirations communes.

Le 6 janvier 1641 ; la Nation Mapuche et l’Empire Espagnol négocièrent le traité de Killin, par lequel l'Empire Espagnol reconnut l’autonomie territorial de la Nation Mapuche. A partir de cette date et durant plus de deux siècles, le rio Bio-Bio fut respecté comme frontière naturel et les territoires situés au sud de cette démarcation, comme territoire de la Nation Mapuche en plein exercice de son droit à la libre détermination.

Ce fait sans parallèle dans l’histoire des peuples indigènes d’Amérique du sud, fut le résulta de l’échec de la Couronne Espagnole à soumettre militairement la Nation Mapuche. La signature de ce traité, en accord avec les procédures et normes internationales, ainsi que les 28 traités qui suivirent tout au long de deux siècles de relations diplomatiques à octroyé à la Nation Mapuche une place sans égale dans l’histoire des Peuples Indigènes de l’Amérique du sud. Etant la première et l’unique nation indigène du continent, dont la souveraineté et l’autonomie fut juridiquement reconnue.

Entre 1860-85, dans une action militaire conjointe dénommée "Pacification de l’Araucanie" par les militaires chiliens et "Conquête du Dessert" par les Argentins, furent impunément massacrés près de 100 000 mapuches. Il faut préciser que les républiques du Chili et de l’Argentine, en une guerre non déclarée, commirent une flagrante violation du droit international en ne respectant par une frontière reconnue par une puissance internationale. Par la suite, l’occupation militaire du territoire de la Nation Mapuche et la déportation de ses habitants dans des réserves indigènes, démontre un outrage de plus au droit international.

La confiscation du territoire et l’incarcération forcée dans des réserves de la population mapuche survivante à la guerre, se sont faite dans le but clair de facilité l’extermination physique et culturelle du peuple Mapuche. Durant des décennies des milliers de mapuches furent proscrits et leurs autorités traditionnelles persécutées.

Au début de la décade 1990 avec le retour du système démocratique dans les deux pays, il est possible de constater que la situation du peuple mapuche n’a pas changé substantiellement.

Aujourd’hui encore, socialement et politiquement dans les deux pays, il continue d’être un peuple qui soufre les conséquences de la soumission et l’imposition de politique assimilationniste. La politique ethnocidaire, que les régimes militaires ont appliqué systématiquement à l’ encontre des peuples indigènes, persiste ; se manifestant dans la violation des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Systématiquement ont ignore l’existence des conventions internationales en relation avec la promotion et la protection des droits des peuples indigènes. Qui par ailleurs, il faut le mentionner, n’ont pas été ratifiées par l’état Chilien.

En dépit de tout, comme en témoigne divers médias, le peuple Mapuche croît, se renforce et continue avec plus de vigueur que jamais d’exiger le respect de ses droits de peuple, la restitution de son territoire, la justice et la liberté.

 

Reynaldo Mariqueo

Jorge Calbucura

 

DOCUMENTS