Patricia Silva
CSIA-NITASSINAN
Point 4b

Les Peuples Autochtones et la résolution des conflits

La résolution d’un conflit où sont impliqués les Peuples Autochtones peut bénéficier des apports des instances internationales. Face à une situation de conflit, les Etats devraient prendre en considération les recommandations élaborées par les experts des Nations Unies. S’agissant des thématiques autochtones, une attention spéciale devrait être portée aux observations sur la situation des libertés et droits fondamentaux des Autochtones du rapporteur spécial, Monsieur Stavenhagen que je remercie pour son travail[1].

 La situation du conflit entre l’Etat chilien et le Peuple  Mapuche a déjà été analysée à diverses occasions : deux différents rapports ont déjà été remis au cours de deux sessions, ici, à l’ONU[2]. De plus deux délégations d’organisations de défense des droits de l’homme se sont déplacées, et il y a peu de temps, le rapporteur spécial, Monsieur Stavenhagen, dont le travail peut être consulté, a voyagé et vient de confirmer ce qui vient d’être dénoncé en termes de discrimination, d’incrimination de tous les agissements de notre peuple.

Nous voudrions ici mettre en évidence les agissements de l’Etat chilien, dans ce qui a été appelé le Conflit Autochtone au Chili, particulièrement depuis 1997/98, avec pour conséquence plus de 400 personnes incarcérées dans les prisons chiliennes, des coups de feu sur une fille mineure, le meurtre toujours impuni d’un jeune de 17 ans par la police chilienne, son auteur est en liberté et n’a pas été inculpé, le mauvais traitement envers notre peuple, y compris envers nos autorités traditionnelles et religieuses. Ce conflit a donné lieu à 5 procès exemplaires, sans bases concrètes, et trente personnes attendent d’être inculpées. Elles devraient être condamnées à 3/5 ans d’emprisonnement, ce qui est mis en évidence dans le point 52 dudit rapport.

Nous aimerions mentionner ici certains points soulignés par le rapporteur spécial, un an avant l’élaboration du rapport, et les résultats de ses recommandations.

Le point 69 n’a pas encore été appliqué étant donné que  l'ensemble du mouvement Mapuche, tant de communauté comme d d’autres secteurs, a été incriminé et discrédité. Nous avons ainsi subi des perquisitions dans nos domiciles, aux sièges de nos organisations. Nous avons été   victimes de détentions abusives et des procès sont toujours en cours.

De la même manière, le point 70, selon lequel utiliser les accusations de délits relatives à d’autres cas à des faits relatifs à la lutte sociale pour les terres et à ses revendications légitimes, n’a pas été respecté jusqu’à aujourd’hui. Par exemple, les Longkos, qui attendent leur procès, ont été condamnés pour infraction à la loi de sécurité intérieure de l’Etat et la loi antiterroriste, et pour association illicite. Cela va également à l’encontre du point 75, qui préconise qu’il faut considérer la possibilité d’amnistier les défenseurs autochtones des droits de l’homme, inculpés pour avoir eu des activités sociales et/ou politiques dans le cadre de la défense des terres  autochtones. Parallèlement, l’intimidation, le harcèlement et les abus par d’autres civils restent impunis. 

Par conséquent, le non-respect de ces points met en place un schéma qui malheureusement se répète : des procès qui sont uniquement destinés à condamner au silence et  à la prison des hommes et des femmes qui n’ont fait que défendre leurs biens et se protéger du harcèlement de transnationales forestières qui règnent en maîtres et les ignorent.

Pour finir, nous pouvons souligner que les recommandations destinées aux médias, à la population civile (cf. les points 83 et suivants) ne sont pas encore très positives. La presse continue à dénigrer le mouvement Mapuche, utilise la démagogie pour rendre, en toute logique, illégitime nos autorités et nos revendications. Par exemple, deux journalistes d’un journal Mapuche ont été détenus et incriminés comme de vulgaires délinquants.

Enfin, Monsieur le Président, je tiens à signaler la chose suivante : malgré les recommandations du rapporteur spécial, Monsieur Stavenhagen, élaborées dans un rapport il y a plus d’un an, nous pouvons malheureusement seulement dire que les procès mis en place sans base réelle remettent seulement en question la non-application de ces recommandations. Nous sommes encore très loin de trouver la solution à un conflit que nous n’avons pas souhaité. Les Etats eux-mêmes continuent à ne pas respecter les normes et les traités en vigueur.

Monsieur le Président, nous vous remercions pour votre rapport et soutenons vos recommandations.    

Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques
21ter rue Voltaire
75011 Paris
Tél: (+33) (0)1 43 73 05 80
Fax: (+33) (0)1 43 72 15 77 (Attn. CSIA)
info@csia-nitassinan.org - patriciasilva_@latinmail.com

[1] En conformité avec la résolution 2003/56 de la Commission
[2] Rapport sur les violations des droits de l’homme, 1999/2001