Dans un témoignage Roberto Painemil dénonce pressions et tortures - Octobre 2007
Source Grupo Filulche

Dans un long interview le prisonnier mapuches Roberto Painemil incarcéré à la prison de Lautaro pour soupçon de participation à l’incendie du « fundo Las Praderas » a révélé des actes de pressions et tortures dont il a été victime en décembre 2006, il a notamment déclaré:

 “ Il est arrivé un groupe de personnes, ils étaient environ 8 ou 10 dans un camion qui venait face à moi, je suis alors sorti de ma camionnette pour demander de l’aide, mais ils m’ont entouré et menacé et m’ont demandé ce que je faisais là, j’ai essayé de leur expliquer ce qui se passait mais il ne m’ont pas écouté, ils se sont contenté de crier “ tu es en train de voler, tu es un voleur” ils ont ensuite inspecté ma camionnette et ont dit qu’il y avait des armes. Je n’ai jamais eu d’armes, ils étaient tous armés de fusils et de bâtons. Ensuite ils ont appelé les carabiniers. Une demi heure plus tard, à peu prés, les carabiniers sont arrivés et m’ont dit de me mettre à genoux, ils m’ont laissé comme ça un long moment puis m’ont fait monter dans le fourgon et là ils m’ont passé les menottes comme un voleur;

 Ils m’ont emmené au commissariat et quand j’étais en cellule ils sont venus me crier : “c’est lui qui a mis le feu, indien incendiaire, ha !!  Tu mets le feu tu vas voir ce qui va t’arriver ». Le lendemain matin très tôt ils m’ont interrogé et m’ont sorti de la cellule, il y avait des civils, je pense que c’était des geens des services de sécurité.

 Ils m’ont enlevé mes chaussures pour m’interroger, m’ont sorti dans la cour sans chaussures et m’ont poussé dans un coin en me disant que j’avais mis le feu, je disais non, et quand je voulais dire quelque chose ils me répondaient que j’étais un menteur et qu’ils allaient me remettre en cellule. Ensuite ils m’ont sorti et remis en cellule sans arrêt, puis ils m’ont emmené dans un autre coin de la cour et là ils m’ont tordu les bras en me disant de coopérer avec la justice, ils ont pris des photos et m’ont filmé. Ensuite ils m’ont enfermé dans les toilettes qui sont à côté des cellules et m’ont donné des gifles sur le visage, ils étaient 6 ou 10 personnes qui me battaient, ils venaient l’un après l’autre, ils m’ont enfermé trois fois dans les toilettes, ce sont des toilettes très petites. Une fois ils sont venus avec une machine, je ne savais pas trop ce que c’était mais il y avait des câbles électriques, ils me l’ont montré en me disant « Tu sais ce que c’est ? » J’avais très peur et je tremblais, ils me disaient “tu dois parler”, car sinon ils allaient me mettre en prison, que ma famille allait passer un mauvais moment. Ils sont en danger, m’a dit l’un d’entre eux. Je vis avec mon père et ma mère, ce sont des gens âgés, ma mère est malade, ils m’ont dit qu’ils allaient prendre ma mère à la sortie de sa maison et qu’ils allaient l’attacher, qu’ils allaient lui passer les menottes tout comme à mon père.

 Ensuite ils m’ont de nouveau emmené dans la cour et un type grand m’a écrasé l’estomac avec son genou, un autre frisé et avec des cheveux longs qui ressemblait à un journaliste parce qu’il avait une caméra, m’a proposé de passer un accord et qu’il ne se passerait rien si je pouvais nommer deux ou trois personnes, tu vas t’en aller tout de suite à ta maison. Un autre est, alors arrivé en me disant qu’il allait se charger de me faire sortir, je ne savais plus quoi faire, je pleurais.

 J’ai donné le nom de mon cousin Ernesto Chachallao, je ne savais pas qui nommer et j’ai donné son nom, ils m’ont alors dit d’entrer dans une salle et que je devais dire ça et nommer d’autres gens. J’étais dans la cour et il y en avait un qui notait ce que je devais dire et c’était seulement des mensonges, mais je voulais sortir de là donc j’ai dit oui, de là ils m’ont dit qu’ils avaient trouvé des armes, et que je devais dire que Sergio me les avait passées et que si je refusais ils allaient me punir de nouveau. Il y avait deux personnes qui notaient ce qu’ils voulaient que je dise et ensuite ils m’ont dit de signer et j’ai signé, ils m’ont ensuite remis en cellule, puis ils m’ont ressorti et se sont mis à me parler bien, ils m’ont dit que je devais répéter la même chose  au juge, dire que j’étais d’accord, et que je devais dire ça pour pouvoir sortir;

 Ils m’ont passé une paire de chaussures qui n’étaient pas les miennes et m’ont fait passer devant le juge, là, ils ont montré des photos et m’ont fait reconnaître, de force, des personnes que je n’avais jamais vues, que je ne connaissais pas, comme par exemple HECTOR LLAITUL qui est aujourd’hui détenu à Angol, que je ne connais pas, mais ils m’ont obligé à dire que je le connaissais. Ils m’ont obligé à signer de nombreux registres, si je voulais dire quelque chose, ils m’interrompaient et me disaient que nous avions passé un accord et que j’étais obligé de le respecter. Ils m’ont humilié  et ensuite m’ont de nouveau enfermé, m’ont fait signer d’autres registres et un carabinier m’a dit « tu dois signer et rien de plus, tu n’as aucun droit ».

 Vers une heure de l’après midi, ils m’ont informé que ma famille était arrivée au tribunal, j’étais complètement perdu ».

 ROBERTO PAINEMIL PARRA

(Lof Yeupeko-Vilkún)

Prisonnier politique Mapuche détenu dans la prison de Lautaro, 4 octobre 2007