Les 2, 3, 4 et 5 juin 2004, diverses activités sociales, culturelles et politiques se dérouleront en territoire Mapuche (CHILI) en réaction à l'organisation à cette même époque et dans ce même territoire d'une réunion de la Coopération Economique Asie-Pacifique réunissant les grands entrepreneurs et ministres de l'économie et du commerce des 21 Etats constituants cette organisation dont l'objectif est d'élaborer des stratégies économiques et commerciales, de projetter des traités et de signer des accords, tout cela dans le dos même des peuples concernés.



CONTRE LA GLOBALISATION DU MARCHÉ ET LE NÉOCOLONIALISME, NOUS DISONS: NON A L'APEC*!

Le peuple Mapuche pour l'autodétermination des Peuples autochtones et des Premières nations

Contrairement à ce que vocifèrent les gouvernements, les entreprises et les transnationales à propos de la globalisation économique, nous ne pensons pas que celle-ci génére un monde d'opportunités, mais bien au contraire un monde d'exclusion, de marginalisation, d'oppression, d'expropriation, de surexploitation et d'épuisement des terres et des ressources naturelles des communautés des Peuples autochtones et des Premières nations. Les grandes corporations imposent leur pouvoir impérialiste par le biais des grands instruments que sont la Banque Mondiale, le FMI, l'OMC, la ZLEA, les Traités de libre échange et l'APEC, qui pour contrôler les marchés et le commerce, se placent au dessus des gouvernements, des états ou de toute autre institution.

Ce " nouveau colonialisme " qui résulte de l'actuelle globalisation du libre échange n'affecte plus seulement les Peuples autochtones et les Premières Nations du monde, mais affecte tout autant une grande majorité de la population mondiale. Dans ce nouveau système, les grandes compagnies transnationales en sont rendues à dévorer elle-même leurs propres sujets.

La mondialisation des marchés, la standardisation et la monospécialisation de la production, la mise à même niveau des cours mondiaux entre des économies inégales, le développement assymétrique des technologies sont autant de facteurs qui affectent des pans entiers de la société-monde. Les Peuples autochtones et les Premières nations comptent parmi les victimes des sousbressaults et des accidents de ce modèle dans de nombreux domaines : atteinte à la souveraineté alimentaire, homogénéisation de la production, mono-usage de la terre et cautionnement d'une logique de surexploitation qui provoquent la déterioration croissante de l'environnement. Ces planifications qui ne visent à bénéficier qu'aux corporations transnationales sont élaborées comme des stratégies militaires répressives afin de contrôler et desarticuler des mouvements sociaux et autochtones. Politiques d'assimilation, transgression des droits et négation de la culture des peuples viennent s'ajouter au pillage transnational des ressources naturelles et aux désastres environnementaux.

Pour ces raisons, nous questionons l'autorité des gouvernements des états d'aspiration coloniale qui font partie de l'APEC et des autres associations multilatérales. Nous questionons l'adhésion aux traités internationaux sur le commerce et les investissements qui cautionnent la négation constante des droits et des statuts des autochtones et des Premières nations. Au Chili, amphitrion de l'APEC 2004, les droits des peuples premiers sont violés en permanence dans une logique de caractère raciste et discriminatoire -stimulée par le contrôle des multinationales- où l'on nie la reconnaissance de l'identité et des droits collectifs.

Dans sa lutte légitime pour la récupération de son territoire et de sa dignité, tout comme dans l'exercice de ses droits politiques, le peuple Mapuche est victime d'une violation constante, systématique et planifiée des droits humains. L'agression policière permanente se conjugue à l'incarceration des acteurs sociaux et à la judiciarisation des revendications. Que ce soit au Chili ou en Argentine, le peuple Mapuche est victime de la négation de son identité, du dépouillement de ses ressources naturelles par les compagnies transnationales minières, forestières, hydroéléctriques et latifundistes qui travaillent main dans la main avec l'Etat pour s'opposer à quiquonque tente de faire valoir ses droits.

La résistance actuelle dénonce abondament le modèle de globalisation de l'injustice imposé par l'idéologie du marché, mais elle ne doit pas perdre de vue les injustices qui sont commises à l'intérieur et par les Etats nationaux. La dénonciation des acteurs globaux ne doit pas avoir comme conséquence la légitimation sans critique des Etats qui, rappelons-le, se sont construits sur l'aliénation des Peuples premiers et la spoliation de leurs ressources naturelles.

NON A L'APEC !

Le forum de Coopération Economique Asie-Pacifique (APEC) est un des moyens que les les 21 économies membres ont adopté pour faciliter à la fois la liberté des activités commerciales et renforcer les mesures de sécurité internationale comme cela a été ennoncé lors de la tenue de la Seconde Conférence sur le commerce sécurisé qui s'est tenu au début du mois de mars au Chili.

Du point de vue des organisations et des communautés Mapuche, il émane une position de rejet de toute forme ou pratique de globalisation qui exclue, méprise ou marginalise systématiquement les Peuples autochtones, les Premières nations ou tout autre acteur social.

L'oppression qui s'exerce actuellement envers les Peuples autochtones et les Premières nations, notamment en Amérique Latine, est étroitement liée aux conséquences de cette globalisation dont l'APEC est l'instrument. La réduction des terres arables, la pêche industrielle, l'exploitation des forêts et des mines, la pollution des eaux par l'usage intensif de produits chimiques, et l'adoption de politiques énergétiques basées sur le pétrole et les méga-barrages hydroéléctriques en territoire mapuche sont autant d'exemples de cette culture du mépris que l'on entretient à l'égard du peuple Mapuche, que ce soit au Chili ou en Argentine.

Une des plus importantes rencontres au calendrier et de l'APEC est celle qui se déroulera au cœur du territoire historique mapuche les 4 et 5 juin 2004 dans la localité de Pucón, au cœur de l'Araucanie sur les bords du lac Villarica, au pied du volcan du même nom.

La rencontre rassemblera des entrepreneurs et les ministres de l'économie et du commerce de 21 Etats : Australie, Brunei Darussalam, Canada, Chili, République populaire de Chine, Hong-Kong, Indonésie, Japon, Corée du sud, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Papouasie Nouvelle-Guinée, Pérou, Philippines, Russie, Singapour, Taipei, Tailande, Etats-Unis et Viet-Nam. L'objectif de cette rencontre est d'élaborer des stratégies économiques et commerciales, de projetter des traités et de signer des accords, tout cela dans le dos même des peuples concernés.

Il nous apparaît necessaire qu'à cette occasion s'exprime la voix des propres acteurs de cette terre, que se manifeste notre volonté de nous auto-déterminer, de frêner la folklorisation que l'on fait de notre culture, de démontrer aux représentants des gouvernements de l'APEC et aux groupes d'entrepreneurs qui les suivent, que nous existons, que nous sommes présents et qu'il est possible de construire un monde juste et équilibré.

Nous faisons appel aux organisations et identités territoriales mapuche, aux Peuples autochtones et aux Premières nations, aux diverses personnes et organisations sociales locales et internationales qui aspirent à construire une société juste basée sur le respect de la vie, de la diversité culturelle, à être vigilents et à se prononcer face à cette nouvelle imposition coloniale dont l'APEC est un instrument qui tente de s'inserer comme un germe dans notre territoire. Nous vous appelons à prendre position et à vous exprimer.

Forum Mapuche
Coordination des organisations et identités territoriales Mapuche
Foromapuche2004@yahoo.es http://www.mapuexpress.net/contraapec.htm
Contact us French: alassagne@free.fr / coordinacionmapuche@yahoo.es

* APEC: Organisation de Coopération Economique Asie Pacifique