Les menaces de la route de la côte sur les terres Lafkenche Je
suis Mapuche et
je suis prêt à me battre
Le conflit généré par la construction de la route de la Côte - continuation de la Panaméricaine - sur le territoire Mapuche-Lafkenche, à l’opposé de Ralco, a bénéficié de très peu d’appui des organisations, et donc moins de médiatisation. L’intégration du Chili dans le commerce continental, nécessite des infrastructures reliant les plus grands ports du Nord au Sud pour faciliter l’échange des biens. Le développement des infrastructures dans cette région, habitée majoritairement par des familles Mapuche, prend les apparences d’une nouvelle conquête civilisatrice - et surtout économique -, et plus particulièrement dans le secteur de la Isla Huapi où un certain mode de vie traditionnel persiste jusqu’à aujourd’hui. Aussi, la construction d’une route risque de compromettre cet équilibre dans lequel essaieent de vivre ces communautés. Au total, 60 communautés sont concernées, ce qui représente 5000 personnes d’origines Mapuche. Le
discours des promoteurs - bien que classique - est certes séduisant,
la route doit « amener » toute sorte de
profits économiques et donc en toute logique sociale : des commerces
pourront s’implanter au bord de l’axe routier, le passage de touristes
sera privilégié et surtout la possibilité pour
les communautés qui étaient isolées de pouvoir
l’utiliser pour aller vendre leur produit... Ce n’est sûrement
pas un hasard, si cette région a été déclarée
Zone de développement indigène ; d’une pierre deux coups
on croit pouvoir régler la construction de la route et celle
du développement des communauté en même temps. En tout, ce sont 15 communautés situées entre Tranapuente jusqu’à la rivière Chegi qui s’opposent à la construction de la route, c’est à dire 80 familles. Ils ont présenté un recours à la cour d’appel de Temuko accompagné d’une proposition de tracé alternatif respectant les communautés. En Mars 1997, une pichi Ngillatún - une Ngillatún exceptionnelle - fut organisée à la Isla Huapi par les communautés touchées, cette cérémonie regroupa plus de mille personnes. Elle fut organisée afin de sensibiliser les participants aux conséquences désastreuses que peut avoir la construction de la route. Cette sensibilisation était en premier lieu adressée aux communautés de l’île afin de trouver une unité, et une force commune. Tout comme pour Ralco, les habitants « ancestraux » ne sont pas près d’abandonner leur terre à une entreprise dont le seul profit est l’économique au détriment d’un équilibre avec la nature de plus en plus menacé. L’un de mes interlocuteurs ne laisse aucun doute quant à la détermination de certains dans les communautés : je suis Mapuche et je suis prêt à me battre jusqu’à la mort pour défendre notre terre. |