2005
SUSPENSION DE LA GRÈVE DE LA FAIM LIQUIDE ENTAMÉE PAR LES PRISONNIERS POLITIQUES MAPUCHE

CISMAPU
(Coordination d’Information et de Soutien au Peuple Mapuche et aux Prisonniers Politiques au Chili (France)
informe

Samedi 2 avril,

SUSPENSION DE LA GRÈVE DE LA FAIM LIQUIDE ENTAMÉE PAR LES PRISONNIERS POLITIQUES MAPUCHE

Après 25 jours de grève de la faim liquide, les Prisonniers Politiques Mapuche Jaime Marileo Saravia, Patricio Marileo Saravia, Juan Carlos Huenulao, Jaime Huenchullan et Jorge Manquel ont été transféré par la gendarmerie à la section d'infirmerie de l'enceinte pénitentiaire de Temuco, après la détérioration de leur état de santé, mettant en danger leurs organes vitaux.

Les Prisonniers Politiques Mapuche demandent à toutes les organisations mapuche et non mapuche, nationales et internationales qui ont suivi très près cette grève, de continuer leur soutien jusqu'à ce que leurs demandes soit obtenues.


7 Mars 2005,
les Prisonniers politiques mapuche de Angol débutent une grève de la faim

Prisonniers politiques mapuche en grève de la faim depuis le 7 mars 2005.

Les prisonniers politiques mapuche, reclus dans la prison d’Angol, ont entamé une grève de la faim indéterminée pour exiger fermement :
-          la liberté immédiate de tous les prisonniers politiques mapuche, incarcérés dans les prisons de Traiguen, Angol et Concepcion.
-          la fin des poursuites judiciaires aux Mapuche aujourd’hui en clandestinité et condamnés par des lois datant de la période de la dictature militaire.
-          la fin de la répression des forces policières à l’encontre des communautés mapuche.
-          l’expulsion des entreprises forestières du territoire Mapuche.

Les Mapuche qui ont pris cette décision, sont Jaime Huenchullan emprisonné depuis janvier 2005, Jorge Manquel emprisonné depuis février 2004, Jaime Marileo condamné à 10 ans de prison, Patricio Marileo condamné à 10 ans de prison, Juan Carlos Huenulao qui risque une peine de 10 ans de prison y Patricia Troncoso condamnée à 10 ans de prison.

Lettre ouverte de protestation adressée aux autorités chiliennes pour la défense d’un dirigeant mapuche.

Une lettre ouverte vient d’être adressée (22 de février) aux autorités politiques et judiciaires chiliennes par différents groupes, associations et personnes de pays d’Europe qui ont accueilli en novembre dernier le dirigeant mapuche Juan Pichun à l’occasion de sa tournée d’information organisée par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH). L’objet de cette lettre ouverte est d’exprimer leur préoccupation et de dénoncer la situation de persécution et de harcèlement que subissent Juan Pichun et son frère, Carlos Pichun, suite à une sommation de se présenter devant le Procureur de Traiguen comme suspects d’avoir participé à un incendie forestier dans cette commune. Face à une situation de persécution permanente et réitérée à l’encontre de cette famille et de sa communauté, les signataires de la lettre considèrent cette mise en demeure judiciaire « d’acte arbitraire qui viole la présomption d’innocence, de harcèlement, de persécution et de tentative d’intimidation envers une personne reconnue internationalement pour avoir révélé les problèmes et les incohérences d’un pays qui se revendique comme un modèle de démocratie en Amérique Latine et en Europe ».

Les signataires rappellent les requêtes déjà présentées le 11 février 2005 par l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l'Homme (CHL 001/0205/OBS 012) lesquelles ont pour objet de garantir les droits de Juan Pichun et des autres personnes concernées par les dites accusations ainsi que le respect des accords et déclarations internationaux des Droits de l'Homme signés par l’Etat chilien.

Cette lettre ouverte a été signée par l'Association des Réfugiés d'Amérique Latine et des Caraibes (Belgique), le Centre Culturel Latino-américain Sub Terra (Bruxelles, Belgique), le Colectivo Bolivia (France), le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (Paris, France), le Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en lutte (Paris, France), la Coordination d’Information et de Soutien au Peuple Mapuche et aux Prisonniers Politiques au Chili (France), La Défense Internationale des Droits des Peuples (Suisse), le Groupe de Soutien à Léonard Peltier (France), l'association France Amérique Latine (Paris), le Comité Mémoire et Justice : Chili - Suisse - Amérique Latine, Survival International (France), l'association Amitiés Franco-Chiliennes de Charente-Maritime (France), France Libertés - Fondation Danielle Mitterrand et le Comité de soutien Tirua /Mapuche (Grenoble).

La lettre ouverte actualisée et disponible est dans le site : http://mapuche.free.fr/carta

Pour plus d’informations écrire à CISMAPU : mapuche@free.fr

Samedi 19 mars, Journée d'Information et solidarité avec les peuples des Amériques.

Un après-midi d’information et de solidarité, avec les peuples des Amériques en lutte, aura lieu le Samedi 19 mars 2005, à partir de 14h à la Fontaine des Innocents – Paris- M° Les Halles. Cette initiative est organisée par un ensemble de Collectifs et associations de défense des droits des Peuples originaires et des Droits de l’Homme.

Des actions de solidarité avec tous les prisonniers politiques au Chili (mapuche en grève de la faim) seront présentées.

 

Repression à Temucuicui

Cela a commencé le 26 octobre 204, lorsque une grande opération policière a frappé la communauté, le chef traditionnel de la communauté a dénoncé à ce moment la violence avec laquelle s’est fait cet opératif et où enfants et femmes n’ont pas été épargnés… La police à la recherche de Marcelo Carrillanca, condamné à 5 ans de prisons avec le prisonnier politique José Nain, pour incendie d'une exploitation forestière, n’a rien trouvé en s’introduisant dans plusieurs maisons de la communauté.

Quelques jours plus tard, pour une affaire différentes mais également liés aux conflits de terres, 2 personnes seront arrêtées alors qu’ils étaient allés voter aux élections municipales…

Durant la semaine qui a suivi ces arrestations arbitraires, le frère de l’un des détenus étaient blessé par balle, par un groupe d’inconnus – dans lequel, semble-t-il figuraient des carabiniers – alors qu’il rentrait des animaux sur les terres de la communauté…

Le 30 décembre 2004, dans d’obscures circonstances un intégrant de la communauté fut de nouveau blessé par balle alors qu’il se déplaçait dans une partie récupérée le la communauté (la propriété Alaska de 1700 hectares fut achetée par la CONADI en 2002 et rendu à la communauté après de nombreuses années de violents conflits). Selon des témoins, les tirs sont venus des carabiniers qui sont chargés de garder la grande propriété de René Urban avec qui la communauté a des conflits.

Enfin le 7 janvier dernier, eurent lieu les arrestations arbitraires de 6 membres de la communauté alors qu’ils transitaient près de Ercilla. Durant leur arrestation ils subiront des mauvais traitements physiques (coups) et psychologiques (insultes racistes) de la part des carabiniers de Ercilla.

 

Les Mapuche victimes de l'héritage de Pinochet
L.C.(St.)
Mis en ligne le 24/11/2004

Un Indien Mapuche est venu défendre la cause de son peuple en Belgique.
Les Mapuche se jugent victimes d'une constitution chilienne datant de Pinochet.

La communauté internationale a salué, en août dernier, la décision de la Cour suprême de justice chilienne de lever l'immunité de l'ancien dictateur Auguto Pinochet. Le Chili entretient par cette initiative tant attendue son image de bon élève de l'Amérique latine. Alors le Chili, une démocratie exemplaire? Non, pas encore. Certes ce pays se distingue tant économiquement - on parle du «miracle chilien» - que politiquement, avec un gouvernement de centre gauche mené par Ricardo Lagos depuis 2000. Le Chili dispose de ressources naturelles attrayantes et propose des infrastructures modernes. Mais ces progrès ne profitent pas à tous.

Les indiens Mapuche luttent depuis plus d'un siècle pour la double défense de leur terre et de l'existence de leur peuple. Originaires du sud du Chili et de l'Argentine, les Mapuche obtinrent au 17e siècle la reconnaissance de leur territoire par la couronne espagnole. Depuis l'indépendance du Chili, au début du 19e, les Mapuche ont perdu 95pc de leur propriété. Par souci de consolidation de l'Etat-nation Chilien, les descendants des conquistadores les ont d'emblée privés de leur droit de gérer leur terre. Expropriés par les grands propriétaires latifundistes sous le régime de Pinochet, ils sont délogés aujourd'hui par des multinationales forestières.

Les hommes de la terre

La philosophie Mapuche repose sur l'harmonie entre les hommes et la nature, raison de leur existence. Le mot «Mapuche» signifie littéralement «personne liée à la terre». La perte de leurs terrains entraîne la perte de leur identité. De surcroît, l'Etat chilien les criminalise en assimilant leur lutte à du terrorisme. Sous couvert d'une loi antiterroriste héritée de Pinochet, les milices chiliennes harcèlent les leaders Mapuche qui croupissent en prison pour des chefs d'accusation absurdes à la suite de procès inéquitables.

C'est le cas du père de Juan Pichn, de passage en Belgique pour nous conter l'histoire de son peuple. Son père a été condamné pour un incendie qu'il n'a pas provoqué. Les déclarations de «testigos sin rostro», littéralement «témoins sans visage», autorisés à témoigner anonymement, permettent au gouvernement d'influer impunément sur l'issue des procès. «La réponse des autorités à nos actions est disproportionnée et destinée à sauvegarder l'intérêt des grandes compagnies», dit-il.

Selon l'ambassade du Chili en Belgique, le gouvernement Lagos reconnaît la dette historique contractée envers les Mapuche, et oeuvre à l'amélioration de sa condition. Mais le Chili ne mérite pas le label de démocratie tant qu'il n'aura pas revu sa constitution pinochetiste. Tel est le premier message qu'entend adresser le peuple Mapuche par la voix Juan Pichn.

© La Libre Belgique 2004
http://www.lalibre.be/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Mapuches patagons en bataille contre Benetton
LE MONDE | 13.11.04 | 16h50
Rome de notre correspondant

Protagonistes de l'histoire : la famille Benetton, les Indiens Mapuches de Patagonie et le Prix Nobel de la paix argentin Adolfo Perez Esquivel. Premier propriétaire terrien du sud de l'Argentine, avec ses 900 000 hectares où ont été investis 80 millions de dollars dans l'élevage ovin, le groupe textile italien s'est retrouvé en conflit avec un couple d'indigènes qui avait occupé un lopin de terre.

La justice a donné raison aux Benetton, mais en termes d'image le prix risque d'être élevé pour les célèbres fabricants de pulls colorés. Luciano Benetton avait proposé 2 500 hectares "de bonne qualité" à la communauté indigène à travers M. Perez Esquivel, venu en Italie pour le sommet annuel des Nobel de la paix. Le lauréat argentin avait été choisi "pour son intégrité" et "sa connaissance de la Patagonie", afin d'"utiliser ces terres de la manière la plus adéquate au bénéfice des populations indigènes locales", expliquait M. Benetton. Ce geste "symbolique, mais à la fois concret", dans la ligne de la "philosophie d'entreprise", était la clé pour retrouver une "unité dans la diversité des peuples de Patagonie".

Mais les Mapuches ont refusé de jouer le jeu. "On ne peut pas se faire offrir une terre qui vous appartient déjà",ont plaidé leurs représentants, présents eux aussi à Rome pour l'occasion. Le médiateur n'a pas voulu non plus jouer le rôle que Benetton avait imaginé pour lui : "Personne ne peut servir de garant pour des terres qui ont déjà appartenu au peuple mapuche, encore moins un Prix Nobel de la paix", a déclaré Adolfo Perez Esquivel.

Le Prix Nobel avait pris la défense du couple d'Indiens dans leur litige avec la Compania de Tierras Sud Argentino, contrôlée depuis 1991 par la famille Benetton. Dans le style David contre Goliath, le procès avait passionné l'Argentine. Atilio Curinanco et Rosa Nahuelquir avaient occupé un terrain de 385 hectares, jusqu'au jour où les policiers étaient venus les chasser. Les titres de propriété présentés par la Compania de Tierras Sud Argentino ont convaincu les juges, mais pas l'opinion publique. Ces terres, octroyées par l'Etat à dix grands propriétaires terriens anglais à la fin du XIXe siècle, sont devenues pour les Argentins le symbole d'une "injustice nationale".

Salvatore Aloïse

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 14.11.04
http://www.lemonde.fr/

 

Les Mapuches ne veulent pas succomber à la fièvre de l’or

Source : Le Courrier (http://www.lecourrier.ch)
Genève, 6 novembre 2004.
par Benito Pérez
10 novembre 2004.

PATAGONIE - Or, pétrole et gaz ont converti le Sud argentin en Eldorado pour multinationales. Mais les communautés indigènes organisent la résistance.

Les vastes plaines arides de la Patagonie argentine pourraient sembler sans attrait. Simple trahison des sens. De ces pâturages sans fin, le pays puise sa laine tant renommée. Et aujourd’hui, ce mythique Grand Sud est aussi devenu un Eldorado minier, regorgeant d’or, de cuivre et d’hydrocarbures. Du Neuquen à la Terre de feu, les concessions se multiplient au rythme des nouvelles techniques de forage. Cette richesse, les communautés mapuches qui peuplent ces steppes depuis des millénaires en prennent peu à peu conscience. A leurs dépens. Pas un jour ne se lève sans qu’une famille indigène ne reçoive la visite d’un policier muni d’un ordre d’expulsion. Malgré la reconnaissance constitutionnelle de leurs droits ancestraux, ces éleveurs sont des proies faciles pour des sociétés bardées d’avocats et soutenues par l’administration.

Dans la Province de Rio Negro, le grain de sable dans ces implacables rouages se nomme Consejo Asesor Indígena (Conseil assesseur indigène, CAI). Sous l’impulsion d’une équipe multiculturelle de bénévoles, il se dédie entièrement à la défense et à la récupération du Wallmapu - le territoire traditionnel des Mapuches.

A l’invitation du Mouvement pour la coopération internationale (MCI), son partenaire helvétique [1], l’avocate Laura Ramos contera, mercredi 10 novembre, à Genève [2], la résistance des Mapuches argentins. Avant-propos.

Le Courrier : Comment le Conseil assesseur indigène défend-il le droit des Mapuches à la terre ?

Laura Ramos : Notre première activité est de défendre les éleveurs menacés ou déjà illégalement expulsés. Les cas sont de plus en plus nombreux et parfois la violence est utilisée. Mais au-delà de cette action d’urgence contre la persécution policière, nous essayons de faire pression sur l’Etat pour qu’il reconnaisse la propriété des communautés mapuches sur les terres occupées traditionnellement. Cette propriété collective des peuples premiers a une base constitutionnelle depuis 1994. Sans compter qu’en 2000, l’Argentine a ratifié la Convention 169 de l’OIT (Organisation internationale du travail) sur les droits indigènes. Le problème est que la notion de propriété privée est du même niveau légal. Or de nombreux Mapuches ne possèdent aucun titre de propriété privée, celle-ci étant souvent étrangère à leurs conceptions traditionnelles... L’affrontement est donc d’ordre politique et nous essayons de faire valoir l’utilité sociale ou environnementale du maintien des Mapuches sur leurs territoires. Notamment lorsque ces communautés sont basées sur des terres appartenant à la Province et que celle-ci envisage de les expulser pour les vendre à très bon prix à des exploitants ou les mettre en gage pour obtenir des prêts auprès des institutions financières internationales. Nous réclamons aussi que les indigènes soient consultés systématiquement sur tout projet de « développement » concernant ces zones, comme le prévoit la Convention de l’OIT.

La propriété de la terre reconnue aux peuples indigènes est collective, communautaire. Peut-on dire que les Mapuches ont conservé ce type de structure sociale ? Qui peut revendiquer son appartenance à ce peuple ?

La loi indique que le critère est l’autodéfinition : appartient à la communauté celui qui s’y reconnaît. On doit considérer que la situation des Mapuches est aussi le produit d’une histoire imposée, même récente. Par conséquent, la notion internationalement reconnue « d’occupation traditionnelle des terres » doit être lue à travers l’histoire sociale propre à chaque peuple. Les Blancs ont forcé les Mapuches à se sédentariser, et maintenant ils s’attendraient à ce qu’ils partent à la chasse habillés de peaux de bêtes pour leur reconnaître le statut d’indigènes... En revanche, au moment de les discriminer, on les reconnaît rapidement ! Cela dit, la plupart des Mapuches vivent en communautés composées de plusieurs familles qui se sont regroupées stratégiquement après la guerre [3], recréant un type de fonctionnement communautaire. D’autres vivent en familles nucléaires, mais travaillent en réseaux complexes de solidarités. Quoiqu’il en soit, ils ne connaissent pas la notion de propriété privée au sens où nous l’entendons.

Peut-on dire que ce mode d’existence est en danger ?

Oui. Le principal ennemi des Mapuche est l’exploitation minière. La survie économique, physique, politique, culturelle et spirituelle d’une communauté indigène dépend de son territoire. Or il y a actuellement une très inquiétante vague d’expulsions en Patagonie. De plus, la multiplication des mines a des conséquences catastrophiques sur l’environnement. Même les terres conservées deviennent impropres à la « reproduction » de la communauté. Il y a des cas extrêmes, comme celui de la Loma de la Lata, dans la Province du Neuquen, principal gisement pétrolier et gazier d’Argentine, qui est aux mains de la multinationale espagnole Repsol. Deux communautés indigènes vivent dans cette zone extrêmement polluée. On a détecté des métaux lourds dans le sang des habitants. L’eau y est non seulement impropre à la boisson, mais on ne peut même pas l’utiliser pour la toilette ! Il y a eu des naissances d’animaux difformes... Et que fait Repsol face à cette situation, à ce péril de mort ? Elle propose des indemnisations... L’exploitation de l’or, également, est extrêmement polluante, car on utilise de nouvelles techniques d’extraction à base de cyanure. On est en train de détruire des régions entières et des peuples pour un produit de luxe ! Plusieurs communautés se sont déjà révoltées et ont pu empêcher l’ouverture de ces mines à ciel ouvert.

Quel rapport entretiennent les indigènes avec le reste de la populations ?

Divers, bien évidemment. Mais il y a un point qui me paraît très intéressant : l’indigénisme défend un certain nombre de valeurs que la société civile tente, elle aussi, de récupérer, comme le respect de la nature ou la vie en commun. Il y a donc des liens non seulement possibles mais bien réels, qui se construisent aujourd’hui dans des luttes de terrain, comme l’opposition aux mines, ou lors de rassemblements antimondialisation.

Du point de vue des Mapuches, Nestor Kirchner est-il un bon président ?

Non. De leur point de vue, il n’est pas un bon président, car ils considèrent que rien n’a changé. Kirchner doit comprendre que la réparation du tort historique fait aux Mapuches implique au moins qu’on les écoute. Au lieu de cela, il délègue la question à des gens, tel le président de l’Institut des affaires indigènes, Jorge Oscar Rodriguez, qui les méprisent et ne savent même pas qu’il existe des différences entre les divers groupes ethniques minoritaires...

Pourquoi l’Argentine a-t-elle ratifié la Convention de l’OIT pour ne pas l’appliquer ensuite ?

Il y a eu une forte pression pour l’inscription des droits indigènes dans la Constitution. Je pense que le gouvernement d’alors espérait nous démobiliser pour pouvoir mieux manipuler les Mapuches. Vous savez, chaque éleveur a besoin d’un grand territoire pour faire paître tous ses moutons. La Patagonie est immense ; les Mapuches sont très isolés les uns des autres et cela ne facilite pas leur organisation. Heureusement, selon moi, et le CAI est là pour le rappeler, cette stratégie a plutôt échoué !

Propos recueillis par Bénito Pérez.

NOTES:

[1] Au travers de la Fédération genevoise de coopération.

[2] 19 h 30 à la salle Gandhi de la Maison des associations (Savoises 15, 1205 Genève).

[3] La Patagonie a été envahie militairement par l’Argentine en 1879.

Novembre 2004

Human Rights Watch et l’organisation chilienne L’Observatoire des Droits des Peuples Indigènes publient aujourd’hui un rapport dans lequel ils dénoncent l’utilisation de la loi antiterroriste pour juger les Mapuche accusés d’actes de violence viole les garanties juridiques fondamentales.
Ce rapport intitulé « Procès Illégal : Jugements Antiterroristes, Tribunaux Militaires et les Mapuche dans le Sud du Chili », démontre comment les Mapuche accusés de terrorisme – ces accusés devant faire plus d’un an de prison préventive avant d’être jugés – font face à des jugements inégaux qui ne constituent pas un danger direct pour la vie, la liberté ni l’intégrité physique.

L’application de cette loi est totalement injustifiée s’il s’agit de juger les délits dont sont accusés les Mapuches, à savoir : la planification d’une série d’attentats incendiaires contre des forêts, champs, maisons patronales et véhicules sur des terres disputées dans al région d’Araucanía, dans le sud du Chili antre groupes qui occupaient ces terres et la police. Les Mapuche ont commencé à protester durant les années 90 contre les entreprises forestières et les propriétaires agricoles qui développaient leur activité, en détruisant l’écosystème au passage, sur les terres Mapuche, terrains fertiles des régions de Bío Bío et Araucanía, territoire ancestral de Mapuche. Aucun de ces délits contre la propriété n’atteint la gravité d’un délit de terrorisme bien que cette loi, adoptée sous le général Augusto Pinochet et en accord avec les dispositions prises par les gouvernements démocratiques successifs depuis, stipule qu’il est possible de considérer comme attentat terroriste le délit d’incendie dés lors que son intention est de « créer la crainte dans la population ou dans une partie de la population ».

Un autre point négatif de cette loi : ses dispositions pour protéger les témoignages, les témoins étant alors appelés « témoins sans visage », permettant ainsi de cacher à la défense l’identité des témoins, cela empêchant les accusés d’interroger les témoins et de pouvoir réfuter les charges formulées contre eux, cela violant l’article 14 du Pacte International des Droits Civils et Politiques – ratifié par le Chili – qui garantit à tout accusé le droit « d’interroger ou faire interroger les témoins à charge et obtenir la comparution de témoins à décharge et que ces derniers soient interrogés dans les même conditions que les témoins à charge ». Le rapport aborde également les cas récurrents d’abus policiers contre les Mapuche dans le Sud du Chili, ces policiers étant jugé par des tribunaux militaires mais, et là est la problème, les Mapuche jugés pour violence contre des policiers sont également, même si se sont des civils, jugés par des tribunaux militaires approuvés par des membres des Forces Armées.

Le rapport demande donc au gouvernement du président Ricardo Lagos de promouvoir une législation afin de restreindre la juridiction des tribunaux militaires aux seules infractions militaires, ce qui paraît logique, ces tribunaux n’ayant pas l’indépendance et l’impartialité requises par les traités des droits de l’homme ratifiés par le Chili. La lutte pour la terre des Mapuche, ou de tout peuple au monde, ne relève pas du terrorisme, cela renforce donc les préjudices existants déjà contre les Mapuche et des peuples indigènes en général. Depuis longtemps les Mapuche ont été victimes de discrimination au Chili, et ils continuent à subir un traitement abusif ou dégradant. Il est temps que le gouvernement chilien se préoccupe des droits élémentaires des Mapuche…

Source : http://www.20six.fr/ClandestinaRBemba
Vous pouvez télécharger les rapports en espagnol et en anglais sur le site de l'Human Right Watch

Acquittés !!!

Mardi 2 novembre 2004.
Le tribunal oral de Temuko vient d'acquitter en première instance les 8 mapuche qui étaient accusées d'avoir formé une association de malfaiteur a caractère terroriste... Les lonkos (chefs traditionnels) Pascual Pichun et Aniceto Norin (déja condamnés à 5 ans de prisons pour "menace d'incendie terroriste), Patricia Troncoso (condamnée à 10 ans de prison pour incendie terroriste), Mauricio Contreras, Oscar Higueras, Jorge Huaiquin, José Llanca, Marcelo Quintrileo ont été aquittés de l'accusation d'avoir une association illicite a caractère terroriste... La plupart ont passé plus d'une année en prison préventive pour cette cause...
L'accusation vient d'annoncer qu'elle fera appel de cette decision.

 

Prisonniers politiques mapuche en grève de la faim depuis le 7 mars 2005.
Repression à Temucuicui
Les Mapuche victimes de l'héritage de Pinochet
Les Mapuches patagons en bataille contre Benetton
Les Mapuches ne veulent pas succomber à la fièvre de l’or
 
Rapport Human Right Watch
Acquittés !!!

Infos Mapuche en français sur
www.mapuches.org

Infos Mapuche en espagnol :
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